Paule Constant : Confidence pour confidence
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Paule Constant : Confidence pour confidence

Quatre femmes sont mi-temps de leur vie. Réunies chez l’une d’entre elles, à l’issue d’un colloque féministe au titre révélateur, «Les Sorcières», qui se tient à Middleway (admirez la subtile métaphore), dans le Kansas: Gloria Patter, Babette Cohen, Lola Dohl et Aurore Amer échangent, ragent, se redécouvrent, «colèrent», font leur bilan.

Le roman de Paule Constant raconte ces tranches de vies, qui témoignent, l’espace de quelques heures, de l’après-féminisme, des destins ratés de femmes trop carriéristes, de la solitude, de l’amour, etc. Pour les unes (Gloria et Babette), ça n’a pas trop mal tourné. Elles ont «réussi» (elles mènent des vies d’intellectuelles), et font partie du système, en souveraines. Les deux autres accusent mal les coups: Lola, Norvégienne, ex-actrice, est alcoolique et décline plus ou moins tranquillement; quant à Aurore, l’amère, elle écrit, et aime les animaux. J’oubliais le rat, cinquième personnage, qui tourne comme un fou dans sa cage… (admirez encore la métaphore).

Autour d’elles, des personnages satellites, des secrétaires homosexuels, jeunes, qui obéissent au doigt et à l’oil de leurs cheffes, mais qui les attendrissent et savent les «humaniser». Bref, on assiste aux souvenirs, aux engueulades, aux réconciliations, aux élans d’amours. Si l’on sent que Paule Constant tombe à bras raccourcis sur le post-féminisme américain (et les Français, sur l’Amérique: douce revanche) et le trop grand appétit de ses représentantes, c’est en partie parce que l’auteure n’a pas su incarner ses personnages, et donner vie à la fiction. Ne ressort de tout ça qu’une suite d’idées décousues, dont on ne retient que quelques bribes.

On ne supporte pas non plus très longtemps l’écriture vague (ou est-ce moi qui ne comprends plus rien en cette fin d’année). Jugez plutôt: «Aurore trouvait que Babette n’était pas autrement troublée par une violence qu’elle aurait eu pour sa part du mal à subir et qui était déjà difficile à supporter comme témoin. Vis-à-vis de Lola, Gloria montrait plus de doigté, quoiqu’elle la traitât avec rudesse, exerçant sur l’actrice une thérapie qui exigeait que l’autre, qui n’avait pourtant pas agi autrement toute sa vie, ne fît pas en sa présence des caprices: Tu n’es pas une star ici!» On «coule» des étudiants d’université en littérature pour moins que ça.
Bien sûr, cette citation est extraite de son contexte, mais même dans le cours du récit, ça n’a pas beaucoup plus de sens.

Je rappelle que Paule Constant a reçu avec ce roman le prix Goncourt. Si vous avez quelques dollars à dépenser pour les cadeaux de Noël, méfiez-vous du petit bandeau rouge.

Confidence pour confidence
de Paule Constant
Éd. Gallimard, 1998, 233 p.