H. P. Lovecraft : Dagon
Publié originellement en 1969, Dagon et Autres nouvelles de terreur contient la première et la dernière oeuvre de Howard Phillips Lovecraft: La Bête de la caverne , écrite en 1905 ( l’auteur n’avait que 15 ans), et Le Clergyman maudit, en 1937 (l’année de sa mort, des suites d’un cancer).
Cette citation d’Arthur Machen, l’un des auteurs favoris de Lovecraft – avec Edgar Allan Poe -, décrit bien le monde imaginaire dans lequel évolue le poète fantastique, auteur du célèbre Nécronomicon (1927): «Il y a des démons du mal comme du bien autour de nous, et je crois que nous vivons et que nous nous mouvons dans un monde inconnu, dans un lieu où il y a des cavernes, des ombres et des habitants au début de leur évolution. Il se peut que l’homme retrouve un jour le chemin de l’ancien savoir, et je suis convaincu qu’une science redoutable n’est pas complètement oubliée.»
Les trente nouvelles de Dagon nous permettent de pénétrer dans les rêves de l’auteur américain, peuplés d’êtres étranges, souvent des médecins, des artistes, des philosophes et d’autres savants, à la curiosité inassouvie, car leur exploration de l’horreur et du fantastique les mène inévitablement au bord de la folie, puis de la mort. D’ailleurs, le génie lovecraftien ne tenait pas dans sa description de l’horreur mais plutôt dans sa manière très poétique de la suggérer, car elle est toujours sans nom, inimaginable. Cela dit, le héros, chez Lovecraft, est toujours vainqueur des ses obsessions, même si l’issue est insoutenable, car le monde n’est qu’un gigantesque chaos. En une phrase, François Truchaud, dans la préface de Dagon, résume la conception du fantastique de H. P. Lovecraft: « Tout est possible, "les autres" sont là, prêts à vous envahir, venus d’autres dimensions, d’autres univers, ou plus simplement de vous-même.» Éd. Belfond, 1998, 350 p.