Michèle Friang : Femmes fin de siècle
Sous-titré 1870-1914: Augusta Holmès et Aurélie Tidjani ou la gloire interdite, cet ouvrage raconte le destin de deux femmes hors du commun. Michèle Friang, spécialiste d’histoire et de géographie, s’attache à décrire leurs vies extraordinaires, dans le vrai sens du terme. Augusta Holmès (1847-1911), élève de César Franck, est l’une des stars de la musique à la fin du siècle dernier. Auteure de plusieurs ouvres symphoniques (et d’une centaine de compositions), chef d’orchestre, interprète et chanteuse, elle prend part aux célèbres querelles esthétiques de l’époque (autour de Wagner, entre autres); adulée par Franck, mais aussi par Liszt, Saint-Saens et Mallarmé, cette artiste vit de son métier, et si elle est mère de cinq enfants, n’en a pas moins d’ambition. Holmès s’est lancée dans des ouvres monumentales, telles que Les Argonautes, qui lui valurent la reconnaissance de ses pairs. Pourtant, cherchez son nom dans le dictionnaire, et vous ne le trouverez pas. Aurélie Tidjani (1855-1933), née Picard, est ouvrière, et c’est par hasard qu’elle rencontre son prince à Bordeaux: il est arabe et très riche. Comme dans les légendes, la jeune femme modeste épouse cet homme fortuné. Le conte s’arrête là. Ce n’est pas une romantique, selon l’auteure, et ses visées sont plus «politiques» que sentimentales. «Embarquer pour l’Algérie au bras d’un musulman lorsque la guerre sainte fait rage et que l’on est chrétienne, envisager une installation dans des régions mal pacifiées quand la moitié du pays est en insurrection, voilà qui donne une idée de la détermination et de l’intrépidité de Mlle Picard.»
Celle-ci s’occupera des territoires de son mari, de ses biens, de son personnel. Remarquez, tout ça n’a rien d’extraordinaire, les femmes de seigneurs et les reines ont rarement fait autre chose. Un livre précieux (pour sa teneur historique) pour les mille et une choses que l’on ne sait plus sur des femmes remarquables.
Éd. Autrement, 1998, 284 p.