Cette année, le Prix du livre jeunesse Québec/Wallonie-Bruxelles revient à la Québécoise LOUISE LEBLANC pour son roman Deux amis dans la nuit. Regard sur l’auteure et son ouvre.
Louise Leblanc se définit comme une personne très curieuse, avide de mouvement, de découvertes. Il suffit d’étudier un peu sa carrière, véritable mosaïque teintée d’enseignement, de mode, de radio, de télévision et de presse écrite, pour s’en convaincre. Au milieu de toutes ces variables, une constante s’impose cependant, l’écriture: «Quand j’étais plus jeune, je me disais qu’un jour, je serais écrivain, que je ne ferais que ça.» Les premiers signes de concrétisation de ce rêve se manifestent en 1980 alors que Mme Leblanc publie L’Homme-objet, un recueil de pensées humoristiques. Elle remporte ensuite le prix Robert-Cliche pour son roman 37 1/2 AA. Son talent s’affirme définitivement sous le couvert de l’humour: «Quand j’écrivais pour des magazines, les gens me disaient: "Tu as un style fantaisiste, tu devrais pousser ça plus loin."» Et c’est ce qu’elle fait!
Lorsque La Courte Échelle lui propose d’écrire pour des jeunes de 7 à 9 ans, elle se permet d’abord d’hésiter. Mais, toujours prête à relever de nouveaux défis, Mme Leblanc se laisse rapidement tenter. Elle crée d’abord le personnage de Sophie, une petite fille qui ressemble beaucoup à l’enfant qu’elle était, puis celui de Léonard, le héros de Deux amis dans la nuit: «J’avais le goût d’un personnage complètement différent. Léonard, c’est un autre univers, ça me fait travailler autrement.» Avec Sophie, elle aborde des sujets liés au quotidien tandis qu’avec Léonard, elle peut laisser galoper son imagination. En effet, cette série raconte l’histoire pour le moins inusitée d’un enfant et d’un petit vampire qui se lient d’amitié. «Je voulais créer une situation avec un personnage étranger à la vie courante; une amitié entre un petit garçon ordinaire et quelqu’un d’extraordinaire, de différent», explique l’auteure. Pas étonnant que Deux amis dans la nuit ait remporté le Prix du livre jeunesse Québec/Wallonie-Bruxelles, dont le thème porte cette année sur l’amitié et la différence. «Le choix des personnages ainsi que l’originalité des situations et des péripéties» ont séduit le jury. «J’ai été tellement surprise, lance Mme Leblanc. C’est rare que des livres fantaisistes gagnent des prix.»
Deux amis dans la nuit suscite néanmoins une certaine réflexion. Julio, le petit vampire, vit dans la peur constante d’être reconnu. Il ne peut pas sortir quand il veut et n’a même jamais vu un lever de soleil… A la lecture du roman, Mme Leblanc voudrait que les enfants réalisent que «la liberté est quelque chose de précieux» et que «ce n’est pas facile de vivre la différence». Son secret pour être proche des jeunes et de leurs préoccupations? Elle les rencontre et les écoute. «Je retourne à mes sentiments de jeunesse. Pour réussir à être vrai dans l’écriture, il faut se mettre dans la peau du personnage», ajoute-t-elle. On annonce la sortie d’un cinquième Léonard pour le mois d’avril (probablement sous le titre Le Bon, la Brute et le Vampire). De même, Sophie sera bientôt de retour dans de nouvelles aventures.
Deux amis dans la nuit,
de Louise Leblanc
La Courte Échelle
1996, 61 pages