

Charlotte Gingras : La liberté, connais pas!
Josiane Ouellet
Avec La liberté, connais pas!, CHARLOTTE GINGRAS signe son premier roman pour adolescents et nous fait plonger tête première dans cette période de la vie qui s’apparente à un casse-tête géant.
Après avoir enseigné au primaire et voyagé à travers le monde, Charlotte Gingras entreprend des études en arts plastiques à l’Université Laval. Quelques années plus tard, elle butine, d’une pige à l’autre, jouant de sa plume au gré de la demande. «La littérature jeunesse est arrivée presque par hasard [dans ma vie], comme un cadeau, confie-t-elle. Un matin, un personnage m’est apparu, une petite fille avec des nattes qui tenait un chat dans ses bras.» Il s’agissait d’Aurélie, l’héroïne d’une série de livres qu’elle a écrite pour les enfants.
«La littérature jeunesse, c’est un genre littéraire qui a ses particularités», explique Mme Gingras. D’abord, le rythme doit être soutenu, «pas de longues descriptions et une histoire racontée en mouvement». La liberté, connais pas! est effectivement un roman dynamique, rempli de courtes séquences très imagées, de belles métaphores. «J’ai souvent l’impression que je n’écris pas, mais que j’invente des images que je traduis en mots. C’est un peu comme si je faisais du cinéma», confie la passionnée d’arts visuels.
Son premier roman pour ados raconte l’histoire de Mirabelle, une jeune fille très solitaire, qui voit rarement son père et vit avec une mère névrosée. Elle adore la lecture, les animaux et, surtout, les arts plastiques. Sa vie est bouleversée par plusieurs événements qui l’amènent à s’affirmer malgré la peur et le doute: une nouvelle amitié, un premier baiser, une trahison, un décès, un amour impossible, la transformation de son corps… Le résultat se compare à un puzzle bigarré, dont les pièces, disséminées au fil des pages, formeraient plusieurs petites images, assimilables aux différents thèmes abordés, avant de s’assembler en un tout cohérent. Cette écriture morcelée a l’avantage d’être très captivante. Elle illustre également à merveille la confusion de l’héroïne, qui nous entraîne dans son univers et nous confie ses secrets les plus intimes.
«L’histoire de Mirabelle était, au départ, très triste. C’est une adolescente renfermée, qui n’a pas vraiment d’ouverture devant elle», résume Mme Gingras qui, sans tomber dans le happy end, croit qu’un roman pour ados doit laisser poindre un certain optimisme: «Je voulais parler d’espoir, de tendresse, d’ouverture.» Il y a donc, selon elle, une attitude, une façon de dire les choses propre à la littérature jeunesse.
Mirabelle est née d’un flash: «Une jeune fille qui courait dans la rue, qui se sauvait.» L’auteure la décrit comme une personne à la fois fragile, qui n’a pas l’habitude des êtres humains, et forte, à cause de son grand talent artistique et de sa passion. Mirabelle est une artiste, une rêveuse; la création occupe une place de choix dans sa vie et c’est, d’après Mme Gingras, le fil conducteur de l’histoire. «La solitude et la liberté sont aussi des thèmes importants», ajoute-t-elle. Mirabelle découvre finalement qu’il y a une vie pour elle dehors. Mme Gingras croit que si le roman ne devait livrer qu’un seul message s’appliquant à tous, ce serait celui-là.
La liberté, connais pas!,
de Charlotte Gingras
Éditions de la courte échelle
1998, 156 pages