Micheline Cambron : Le journal Le Canadien
Livres

Micheline Cambron : Le journal Le Canadien

Il s’est publié bien peu de livres au Québec avant 1850; on y écrivait pourtant plein de choses fort intéressantes. Ici, la littérature a commencé dans les journaux, et dans le temps, ils pullulaient!

Comme l’indique bien son titre, le recueil d’articles que publie Micheline Cambron fait l’étude du journal Le Canadien. Publié de 1836 à 1845, soit depuis l’aube de la rébellion des Patriotes jusqu’à la veille de l’Acte d’Union, Le Canadien couvre une période déterminante de l’histoire du Québec.

Mais Le journal Le Canadien n’est pas pour autant un ouvrage d’histoire politique; sa place est au rayon des études littéraires. En effet, c’est en tant que totalité textuelle qu’il y est étudié. Les collaborateurs de Micheline Cambron partent d’un principe voulant que les pages d’un journal forment un ensemble cohérent. Le fait que telle annonce côtoie tel article n’est pas un hasard. Reportages, commentaires, publicités: lorsque les lecteurs parcourent les pages du journal (c’était vrai à l’époque du Canadien; ce l’est toujours de nos jours), toutes les parties entrent en relation les unes avec les autres.

L’équipe de recherche de Micheline Cambron s’est adonnée à une lecture et à une analyse du moindre article, de la moindre annonce, voire de la moindre illustration qui ont pu paraître dans les pages du Canadien pendant les neuf années de sa publication. Cette étude a abouti aux sept articles regroupés dans l’ouvrage. Ces travaux permettent certes de mieux connaître ce qu’un journal de la première moitié de notre XIXe siècle disait alors de la politique et de la littérature de son temps. Mais en étudiant Le Canadien avec une méthode relevant de l’analyse littéraire, on parvient à dégager ce qui se raconte «entre les lignes»: à définir non seulement les positions explicites des rédacteurs du Canadien sur les plans esthétique et politique, mais quelle «vision du monde» le journal proposait à ses lecteurs.

Cet ouvrage très solide et très savant permet de nous rendre compte que, dans ce pays dont la devise est «Je me souviens», il se trouve encore malgré tout de grands trous dans la connaissance de notre passé. Éd. Fides, 1999, 421 p.