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Alexandre le Grand : Le chemin du roi

Spécialiste d’Alexandre le Grand, l’ambitieux conquérant du IVe siècle avant notre ère, VALÉRIO MANFREDI lui a consacré un roman biographique en trois tomes. Premier épisode.

Alexandre dit le Grand, fils de Philippe de Macédoine, fut l’un des plus redoutables conquérants de l’histoire. Valério Manfredi, auteur italien pour qui l’Antiquité a peu de secrets, en a fait le héros d’un ambitieux roman biographique, Alexandre le Grand, dont Le Fils du songe est la première partie. L’entreprise, qui repose sur une approche réellement biographique, comporte aussi les audaces d’interprétation que permet le romanesque.

Au IVe siècle avant Jésus-Christ, la péninsule hellénique était morcelée en quelques royaumes incertains. En son coeur brillait Athènes, ville-lumière du temps, où naissaient déjà la Justice et la Démocratie. Autour, s’étendaient des pays déchirés par les guerres et la barbarie, dont le royaume de Macédoine, le plus puissant d’entre eux. Autant de contrées formant un territoire aux frontières fragiles, bordé par les mers ou quelque horizon mystérieux, comme la très vaste Asie.

Pour le jeune prince Alexandre, ces étendues allaient vite représenter l’univers à conquérir. Formé par nul autre qu’Aristote, venu d’Athènes sur l’invitation de Philippe, Alexandre démontre tôt ses dispositions à devenir un grand roi, et ce à plusieurs titres. Cultivé, curieux de tout, initié aux sciences et à la philosophie, il n’en est pas moins attiré par la guerre et les conquêtes. Dans ce tome premier, Manfredi décrit l’enfance et l’éducation du futur conquérant, sa complicité avec son père Philippe, qui voit en lui un digne successeur – malgré les violents conflits de personnalité supposés par Manfredi entre le monarque et son héritier. Il nous montre aussi le visage d’une Europe embryonnaire, qui se construit et se brise au gré d’alliances éphémères.

Manfredi développe son récit avec une grande rigueur historique, mais sans évacuer une certaine dimension surnaturelle. En effet, l’auteur a voulu préserver l’esprit de légende qui flotte autour de la vie d’Alexandre le Grand. Les oracles, ces lieux de médiations entre les dieux et les hommes, ou encore les songes éveillés, à travers lesquels Alexandre voit sa mère entretenir des relations avec des créatures étranges, tout contribue à auréoler celui que ses contemporains prenaient pour un demi-dieu.

Manfredi ne cache pas sa fascination pour Alexandre, personnage craint ou adoré, dont les élans de générosité contrastaient fort avec la cruauté démontrée sur les champs de bataille. La démarche est celle d’un biographe qui affectionne son sujet, mais le travail reste sérieux, très documenté.

Best-seller en Italie, Alexandre le Grand devrait connaître autant de succès dans ses traductions, dont la française est réussie. On annonce la parution du deuxième tome pour très bientôt, puis du troisième avant la fin de l’année.

Alexandre le Grand. Le Fils du songe
de Valério Manfredi
Plon, 1999
420 pages