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Livres d’ici / Livres d’ailleurs

Livres d’ici

Ça déménage un peu sur le front de l’édition québécoise. En effet, on compte cet automne une nouvelle maison, les éditions de L’Effet pourpre, fondée par François Couture, un transfuge de Triptyque, qui a entraîné avec lui une couple d’auteurs les plus médiatisés de la boîte, dont Maxime-Olivier Moutier. Avec Lettres à mademoiselle Brochu, un roman épistolaire à une voix, l’auteur de Marie-Hélène au mois de mars ambitionne rien de moins que de renouveler l’«esthétique de la crise amoureuse». Aussi en octobre, Sir Robert Gray, le cinglant auteur des culottées Mémoires d’un homme de ménage en territoire ennemi, lance un second roman, L’Heure au jardin. Suivra plus tard Préambule à une déclaration mondiale de guerre à l’ordre, un recueil de nouvelles d’Alain Turgeon, dont le roman Gode Blesse avait été publié en France, l’an dernier.

Leméac, qui dévoilera le reste de sa programmation plus tard, fait paraître ces jours-ci un roman de Mona Latif-Ghattas, Les Filles de Sophie Barat, qui suit l’éducation d’une jeune fille au sein de l’institution mise sur pied par la fondatrice de la Société des religieuses du Sacré Cour. Bientôt en librairie, également: le dernier Aude – un an après son célébré L’Enfant migrateur -, L’Homme au complet, un roman qui se promène entre Tokyo et Montréal et qui ouvre l’automne des éditions XYZ. Fin août, on annonce à L’Hexagone un nouveau roman de Jean Bédard (Maître Eckhart), La Valse des immortels.

Chez Boréal, on attend, en septembre, Le Blanc des yeux, des textes poétiques d’Hélène Monette. Le même mois, les Éditions de la pleine lune fondent beaucoup d’espoir sur L’homme qui pesait plus lourd nu qu’habillé, un court roman de Jérôme Élie (Dieu en personne, La Morte du pont de Varole). Sous ce titre énigmatique, l’histoire d’un jeune homme dont l’invention, une machine capable de décrypter les intentions des gens à partir de leur voix, bouleverse le monde…

Quant aux Intouchables, on y annonce pour la fin septembre le retour à l’écriture de la jeune Hélène Jutras, cinq années après la controverse du Québec me tue. L’ex-étudiante en droit signe un premier roman, Anima, dans l’esprit de son essai: la quête de liberté d’une jeune femme qui règle des comptes avant de partir… En octobre, Zachary Richard publie Conte cajun: L’Histoire de Télesphore et de `Tit Edvard, tandis que Daniel Gagnon propose Mon père clandestin, son seizième roman.

Chez Québec Amérique, la saison démarre avec Garage Molinari, de Jean-François Beauchemin, où les lecteurs de son charmant premier roman, Comme enfant je suis cuit, y retrouveront le candide narrateur, Jérôme, une décennie plus tard. En novembre, Alain Beaulieu (Fou-Bar, Le Dernier Lit) complète sa «trilogie filiale» avec Le Fils perdu, et Réjane Bougé publie un troisième roman, L’Année de la baleine, qui s’intéresse à la condition des femmes.

L’instant même propose Du virtuel à la romance, une ouvre inclassable de Pierre Yergeau, et, à la mi-septembre, une anthologie de nouvelles d’auteurs canadiens-anglais, ainsi que La Mort en friche, un premier recueil signé par le chef de la section cinéma de Voir, Éric Fourlanty.
Aux éditions Libre Expression, l’heure est aux romans historiques: L’Esclave, de Micheline Bail, s’intéresse à l’esclavage en Nouvelle-France; Marie-de-la-mer, de la jeune Annie Lavigne, raconte une histoire d’amour en Gaspésie, au début du siècle.

Quelques titres à surveiller chez Lanctôt: en octobre, La Gueusaille, troisième roman de Lise Demers (Doubles Vies); Papa papinachois, de Claude Jasmin (novembre); et Almazar dans la cité, d’Alain Gagnon (septembre).

Soulignons deux traductions, à Flammarion Québec: Un parfum de cèdre (le best-seller Fall on your Knees), de la Canadienne Ann-Marie MacDonald, une saga familiale triplement primée (octobre); et Le Jardin de Rousseau, de la Montréalaise Ann Charney (novembre).
Planète rebelle, une autre nouvelle maison d’édition, axée sur l’«oralité» et dirigée par André Lemelin, fait ses débuts, entre autres, avec un recueil d’histoires d’Anne Dandurand, Les Porteuses d’ombre, en septembre. Chez Triptyque, on surveillera particulièrement Phée Bonheur, de Michel-E. Clément, premier volet d’une saga villageoise de l’après-guerre (septembre); et Vétiver, du poète Joël Des Rosiers, déjà en librairie.

Côté poésie, toujours, Les Herbes rouges publient Là où finit la terre, de José Acquelin, et Le Lever du récit, premier recueil de l’auteure de science-fiction Élisabeth Vonarburg (septembre); ainsi que le nouveau Denis Vanier, L’Urine des forêts, en novembre.
Ajoutons le recueil de Madeleine Gagnon, Rêve de pierre, à paraître en septembre. Aussi chez VLB, un essai politique qui devrait faire du bruit, énième chapitre de notre imbroglio constitutionnel: Le Temps des adieux, de l’Anglo-Québécois Reed Scowen, qui paraît simultanément dans les deux langues officielles canadiennes. Fin septembre.

Rayon essai, Fides publie Quand le jugement fout le camp, sur la »déculturation», de Jacques Grand’Maison. D’autres bouquins se penchent spécifiquement sur le sort de la moitié de l’humanité: L’Amère patrie, de Diane Lamoureux, prof à l’Université Laval, analyse le discours nationaliste sous l’angle de l’exclusion des femmes (novembre, Éditions du Remue-ménage). Stanké publie Dans la tête des filles, de Catherine Fol, des «chroniques de l’après-féminisme».
Enfin, notons que le Salon du livre de Montréal se déroulera cette année du 18 au 23 novembre.

Livres d’ailleurs

On nous annonce pas moins de 511 romans, un record, pour la rentrée française de l’automne. Essayons tant bien que mal de vous guider à travers cette marée.
Chez Grasset, on attend Horsita, le troisième roman de Lorette Nobécourt (La Démangeaison, La Conversation), une de ces jeunes auteures françaises dont les livres mettent crûment en jeu leur rapport au corps; et, dans un autre registre, L’Enfant léopard, de Daniel Piccouli.

Quelques romans à surveiller, aux Éditions du Seuil: en septembre, Grand Seigneur, de Louis Gardel (Fort Saganne); Cons, du jeune Espagnol Juan Manuel de Prada. Quant aux nombreux fans de Michael Connelly, nul doute qu’ils se précipiteront sur Le Dernier Coyote, une nouvelle enquête de Harry Bosch, en octobre.

Chez Albin Michel, en plus de l’opus annuel de l’inépuisable Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements, sis en terre japonaise, on annonce le premier roman de la douée dramaturge Yasmina Reza (Art), Une désolation, et, en traduction, Le Monde de Barney, du truculent Mordecai Richler, la «confession impudique d’un vieil iconoclaste». Tout ça prévu pour septembre.

En octobre, chez Gallimard, arrivent Le Rapport Gabriel, de Jean D’Ormesson, et La Frontière de verre, de l’écrivain mexicain Carlos Fuentes. En novembre, Alexandre Jardin remet ça avec Autobiographie d’un amour.

Soulignons, chez Stock, Le Cour de Marguerite, par l’auteur de La Langue maternelle, Vassilis Alexakis. Toujours en octobre, paraît un nouveau Jean Echenoz, Je m’en vais, aux éditions de Minuit, bien sûr.

On dit beaucoup de bien du nouveau Salman Rushdie, La Terre sous ses pieds, nouvelle version du mythe d’Orphée, «conte sur l’amour, la mort et la musique». À paraître chez Plon en octobre; de même que Jung, le Christ aryen, de Richard Noll, une biographie du célèbre psychanalyste.

Aux États-Unis, le prestigieux prix Pulitzer a couronné en 1999 Les Heures, de Michael Cunningham – dont Belfond réédite du même coup La Maison du bout du monde. Également récipiendaire du Pen Faulkner, le roman joue sur le triumvirat écrivain-personnage-lecteur, en établissant de «subtiles correspondances» entre Virginia Woolf, son héroïne Clarissa Dalloway et une femme au foyer de 1949. Toujours chez Belfond, début septembre, La Rivière de l’exil, des nouvelles de l’auteur d’origine irlandaise Colum McCann, précédemment remarqué pour Les Saisons de la nuit.

Du côté d’Actes Sud, la programmation (incomplète à ce jour) nous réserve, entre autres, pour le début octobre, un recueil de nouvelles de Russell Banks, Survivants, paru en anglais en 1975. Locataires et sous-locataires, un nouveau roman de l’auteure néerlandaise Hella S. Haasse, est pour sa part déjà en librairies.

L’automne nous apportera aussi une pléthore d’essais français. Notamment chez Fayard: Pourquoi la psychanalyse, d’Élizabeth Roudinesco, Les Passions intellectuelles, d’Élizabeth Badinter, Fin du siècle des ombres, chroniques politiques et littéraires, de Jean-François Revel, et Une nouvelle utopie, de Jacques Attali. Soulignons également, chez Grasset, une nouvelle publication de Bernard-Henri Lévy, Siècle de Sartre, ainsi que, chez Stock, un essai «écrit comme un roman», de Didier Decoin, Jésus le Dieu qui riait.