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David Cantin : David Cantin, poète

Le nom de David Cantin est bien connu des fervents amateurs de poésie. Chroniqueur poésie au journal Le Devoir depuis plus de cinq ans déjà, il agit également à titre de «correspondant culturel» à Québec pour ce même quotidien. Mais ce critique pénétrant est aussi doublé d’un poète particulièrement doué dont la démarche révèle une tension constante entre le poétique et le philosophique. Quoique naissante, son oeuvre a d’ailleurs été fort remarquée et même primée.

Paru au Noroît en 1995, L’Éloignement a mérité à David Cantin le prix Desjardins de la poésie l’année suivante. Mieux encore, ce livre qui interroge les origines du monde et notre rapport à celui-ci a aussi valu à son auteur d’être finaliste au prestigieux prix littéraire Émile Nelligan, octroyé chaque année à un poète de moins de trente ans. La distinction lui échappa cependant, à la grande surprise d’une bonne partie de la critique.

Moins intéressé à faire partie du «monde littéraire» que par sa propre quête poétique, David Cantin a préféré marquer une pause avant de proposer un nouveau recueil. Mais son oeuvre, d’une luminescence et d’une maturité étonnantes, fait déjà de lui l’un des jeunes poètes québécois les plus en vue. Invité en 1997 à la réputée Biennale de poésie en Val-de-Marne, en France, l’écrivain a vu quelques-uns de ses poèmes publiés dans au moins deux anthologies parues en Europe l’année suivante.

David Cantin, qui se dit au moins aussi exigeant envers sa poésie qu’envers celle qu’il critique, peaufine actuellement son deuxième recueil. Il y poursuit, avec la même approche intuitive tout près de la méditation, les interrogations lancées dans L’Éloignement. Il portera une attention toute particulière à la parole et au verbe: qu’est-ce que l’inspiration poétique? Qu’est-ce que le poème cherche à exprimer? Qu’est-ce qui, à la fin, est véhiculé par le poème?

David Cantin n’a rien confirmé, mais il est raisonnable de croire que l’on pourra reprendre contact avec sa poésie délicate et dépouillée au cours de l’an 2000. D’ici là, on peut se replonger dans L’Éloignement, recueil préoccupé par l’espace et le temps, qui jette un peu de lumière sur le monde et sur l’âme humaine, que le poète désigne comme «une ombre intérieure que l’on cherche».