Paul Bélanger : Périphéries
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Paul Bélanger : Périphéries

Codirecteur littéraire des Éditions du Noroît, Paul Bélanger est aussi l’auteur de quatre recueils de poèmes: le premier paru en 1988, Projets de Pablo, et le plus récent, Fenêtres et ailleurs, publié en 1996. Avec Périphéries, le poète poursuit sa quête identitaire et poétique: «Trajet du temps, dont nul ne revient. / De même le corps traverse-t-il son ombre / à l’heure échue de sa durée. (.) Passons les fenêtres / entrons aux paysages.» Recherche d’un sens au temps qui passe, à l’éphémère des corps et de l’amour qui met un baume sur les plaies, entre les villes et les vastes paysages, lieux de passage qui nous traversent, lieux d’origine.

Le poète rend hommage à la force tranquille des mots: «Les mots traînent leur lourde syncope / en toutes langues, vivantes ou mortes; / sur la ligne des phares, ils déclinent la nuit. / Se perdent-ils en mer, chaque bateau / en scande l’écho. / Les mots blonds, solaires / les mots gelés de l’hiver / se rompent dans les abattis / comme l’aveu fraternel, frêle / d’un arbre né du sommeil de la terre.» Au fil des jours, des ans, des voyages, de la vie et des rêves sans lendemain, la poésie naît de la solitude de l’homme dans la blancheur du monde: «Totems du paysage qui se forme, les mots / seuls inventent ce pays.»

Dans ce recueil dense, où respirent pourtant l’espace et le temps, l’homme se heurte au monde, mais lui appartient: «Rose, monde fini, monde infini / inonde notre ardente fatigue / de ton scintillement évanescent / libère du mal les mains rebelles des hommes. / Nous veillons par des nuits trop claires / sur des paysages très vagues nés sous les paupières.»

À travers ces beaux textes, Paul Bélanger chemine vers un dépouillement, l’absence, l’oubli de son nom pour atteindre la liberté de l’homme sans identité.
Le poème, alors, parle au nom de tous. Éd. du Noroît, 1999, 124 p.