Yvon Corbeil : Passage à tabac
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Yvon Corbeil : Passage à tabac

Petit ouvrage à l’intention des fumeurs encore heureux de l’être

Joli petit pamphlet que ce Passage à tabac d’Yvon Corbeil.

Le tabac tue-t-il autant qu’on le prétend? La cigarette est certes responsable de diverses maladies. Mais on oublie de souligner que la consommation du tabac est généralement associée à un ensemble de conditions sociales. Ce sont souvent les démunis qui fument le plus: «Qu’est-ce qui, alors, est vraiment à l’origine de leurs maladies et de leur espérance de vie amoindrie? demande Corbeil. Le tabac ou la pauvreté? Le tabac ou la sédentarité? Le tabac ou la mauvaise alimentation? [… Le] chômeur qui fume a le droit de savoir si sa courte espérance de vie est due au fait qu’il ne travaille pas ou au fait qu’il fume.»

Et que dire de cette manie de vouloir effacer les traces de la cigarette dans l’histoire, comme par exemple lorsqu’on retire la clope du bec de Malraux sur les nouveaux timbres français. «Vouloir corriger l’histoire, c’est admettre que le projet que l’on défend ne se justifie guère lui-même à partir de celle-ci. […] Si le tabac est cette abomination que décrivent les antifumeurs, ce n’est pas en faisant comme s’il n’avait jamais existé qu’ils finiront par le vaincre.»

Bien sûr, il existe une masse de recherches qui font la preuve des méfaits du tabac. Il s’en trouve cependant d’autres, et pas des moins sérieuses (endossées par l’International Journal of Epidemiology et le New England Journal of Medecine), pour démontrer que «les fumeurs seraient moins souvent victimes des maladies de Parkinson et d’Alzheimer. Il y aurait aussi moins de cancers de l’utérus chez les fumeuses, et moins de cancers du côlon. Mieux, les fumeurs se remettraient également plus facilement d’un infarctus que les non-fumeurs»!

De toute façon, le problème n’est pas là, constate Passage à tabac. Notre société a peur de la mort. Mais comme on ne saurait vaincre la mort, on s’attaque à tout ce qui peut, de près ou de loin, contribuer à en rapprocher l’heure. Quitte à s’acharner sur le moindre menu plaisir de la vie: comme celui de prendre quelques moments, à chaque jour, pour ne rien faire d’autre… que s’en griller une! Éd. Lanctôt, 1999, 85 p.