Jean-François Chassay : Fils, lignes, réseaux.
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Jean-François Chassay : Fils, lignes, réseaux.

Essai sur la littérature américaine

De l’excellent ouvrage que ce Fils, lignes, réseaux, de Jean-François Chassay! Un Essai sur la littérature américaine qui sait allier le sérieux et le lisible: la chose est rare.

On a souvent de la difficulté à admettre que les mots «culture» et «États-Unis» puissent aller de pair. C’est parce que, comme Chassay le signale en ouverture de son livre: «La vie culturelle des États-Unis est souvent ramenée à ses produits les plus industriels.»

Le propos de Fils, lignes, réseaux est précisément de démontrer qu’il se produit autre chose aux U.S.A. que des best-sellers et des block-busters. Et d’apporter du même souffle la preuve que la littérature états-unienne sait se faire l’écho d’une vision critique de notre époque.

Fils, lignes, réseaux: le titre de l’ouvrage est explicite. Chassay s’y penche sur l’étonnant amoncellement de fils télégraphiques, de lignes téléphoniques, de réseaux de communication qui se trouvent dans les pages des principaux titres de la littérature états-unienne contemporaine. En effet, ces ouvrages mettent souvent en scène ces moyens de communication nés avec le développement de l’électricité. On y discute au téléphone parfois pendant des chapitres entiers; on ne cesse d’y croiser des images télé. En fin de compte, on y questionne constamment ces médias qui, tout en faisant en sorte que le moindre racoin de la planète soit à portée de notre main, nous isolent de plus en plus chacun dans son coin.

Chassay prend la peine de nous rappeler les grands moments ainsi que les plus succulentes anecdotes qui ponctuent le développement de ces technologies de communication avant d’étudier le traitement qu’en font les romans états-uniens. Et en plus de se pencher sur les grands noms qui ont marqué cette littérature tout au long du siècle (Faulkner, Nabokov, Gertrude Stein), Fils, lignes, réseaux explore également l’univers d’auteurs plus contemporains; certains d’entre eux sont fort connus, comme Philip Roth, John Updike, Paul Auster et T. C. Boyle; d’autres, comme Don DeLillo, William Gaddis et William Gass, méritent de l’être beaucoup plus!

Fils, lignes, réseaux nous démontre qu’il n’y a rien à lire «entre les lignes» des romans états-uniens contemporains: que tout y tient littéralement… à un fil! Les lecteurs lettrés y trouveront tout autant leur compte que les simples amateurs de littérature: c’est, je le répète, très rare. Ce qui contribue à faire du livre de Jean-François Chassay sans doute l’un des meilleurs essais de la saison. Éd. Liber, 1999, 291 p.