Louis Balthazar et Alfred O. Hero Jr : Le Québec dans l'espace américain
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Louis Balthazar et Alfred O. Hero Jr : Le Québec dans l’espace américain

Le titre de l’ouvrage aurait pu être un peu plus précis: Le Québec dans l’espace américain, de Louis Balthazar et Alfred O. Hero Jr, ne cherche pas à faire le point sur les relations que le Québec entretient avec le reste du continent mais, plus exclusivement, sur ce qui nous lie aux États-Unis.

Contrairement à ce qu’on croit, il ne suffit pas de parler d’économie pour avoir tout dit sur les rapports que nous entretenons avec les U.S.A. Cet ouvrage présente l’intérêt de ratisser large: d’esquisser, en plus du portrait de nos relations commerciales avec notre opulent voisin du sud, celui de nos liens historiques, politiques et culturels.

Le Canada anglophone s’est bâti contre les États-Unis; c’est de ce côté-ci de la frontière que se sont réfugiés ceux qui, au moment de l’indépendance des U.S.A., voulaient demeurer fidèles à la couronne d’Angleterre. Ce qui a pour conséquence la création d’un paradoxe: le Québec semble moins craindre l’influence des États-Unis que le reste du Canada. On ne cesse d’ailleurs de chercher à y créer des alliances. Depuis 1976, tous les premiers ministres souverainistes ont tenté d’aller trouver des appuis du côté des États-Unis. Entre autres en cherchant à assimiler leur projet à celui de l’indépendance de 1776. Sauf que, comme nous permettent de le comprendre les auteurs, la souveraineté du Québec évoque plutôt pour les États-uniens le moment le plus traumatisant de leur histoire: la guerre de Sécession.

De toute manière, il s’avère que «les Américains entretiennent peu de sympathie pour les nationalismes, à l’exception du leur qui est perçu comme la fidélité à des valeurs politiques fondamentales plutôt qu’à une tradition culturelle».

En effet, aux yeux des États-uniens, «il n’y a pas de culture proprement américaine [, il leur semble que] leur manière de vivre et de percevoir le monde relève de leur participation à l’humanité universelle». Ils sont profondément et naïvement convaincus qu’ils sont le free world: que l’American way of life est le seul au monde!

S’intéresser aux États-Unis a toujours quelque chose de suspect. Les U.S.A. sont certes responsables d’une bonne partie des maux qui frappent la planète et ses populations: après tout, Pinochet et le bordel timorais, c’est de leur faute! Comme si on avait tout dit sur leur compte en faisant la liste de leurs mauvais coups. Et on oublie que c’est sous la plume de Jefferson, dans la Déclaration d’indépendance de 1776, qu’est apparue pour la première fois cette idée farfelue voulant que tous les hommes naissent égaux!

En analysant l’image que nous nous faisons des États-Unis, ainsi que celle qu’eux-mêmes se font de nous, Le Québec dans l’espace américain permet de mieux définir la place que nous occupons sur l’échiquier continental. Éd. Québec Amérique, Programme d’études sur le Québec de l’Université McGill, coll. Débats, 1999, 375 p.