Cette dernière publication, en français, de l’ancien journaliste d’affaires criminelles du L.A. Times a encore été reçue par la critique de façon presque aveuglément positive. Comme si la signature de Michael Connelly était un gage de qualité à toute épreuve. Et si ce n’était pas le cas.
Dans le parcours de Connelly, ce livre a été publié, aux USA, en 1995. Alors qu’on le traduit habituellement très rapidement, à cause de son succès évident, on a, pour le cas de ce roman, attendu quatre ans. Pourquoi? Peut-être beaucoup à cause de certains éléments de l’intrigue de ce Dernier Coyote, qui ressemblent à s’y méprendre à ceux qui ponctuent les récits très autobiographiques qu’un de ses célèbres compatriotes écrivains, James Ellroy, a publiés au cours de la même période. Comme le petit James, l’inspecteur fétiche de Connelly, Harry Bosch, se lance dans une enquête très personnelle, à savoir celle du meurtre de sa mère, prostituée, qui fut commis alors qu’il était enfant.
Même si cette coïncidence dérange un peu, ce n’est quand même pas suffisant pour qu’on y gâche son plaisir. Parce qu’un Connelly moyen demeure supérieur à la moyenne. Mais, outre ces similitudes rapportées auparavant, sur le plan même de l’enquête et de la psychologie des personnages, c’est loin d’être le plus fort des romans de l’écrivain américain. Le fil est plus blanc que d’habitude. On voit venir les rebondissements.
Et, bien que l’inspecteur Harry Bosch soit un des personnages les plus attachants de la littérature policière contemporaine, sa seule présence n’est pas garante d’une intrigue forte, désarçonnante, originale. Personnage récurrent de l’ouvre de Connelly, Bosch est, cette fois, suspendu de son poste au LAPD (Los Angeles Police Department), à cause d’une embrouille musclée avec son patron. On l’oblige à consulter la psychologue du Service, afin de percer le mystère de son agressivité et son dédain de l’autorité. Dans ce cheminement, il comprendra que la non-résolution de l’assassinat de sa mère est au cour même de son idéalisme de policier qui refuse qu’un crime demeure impuni.
Cette aventure n’est pas sans qualités, loin de là. Car Connelly réussit à approfondir son personnage. Tout en lui laissant cette aura héroïque qui le caractérise depuis ses premières enquêtes, il le dote de plus en plus de défauts très humains, comme son penchant pour l’alcool, ses difficultés dans ses relations avec les femmes… Et c’est toujours touchant de voir un super flic pleurer… Mais ça ne suffit pas à en faire le polar de l’année, comme certains l’ont proclamé. Éd. Seuil Policiers, 1999, 378 p.