Livres jeunesse : Livres d'images
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Livres jeunesse : Livres d’images

Voici quelques titres d’albums pour enfants, grands et petits, qui mettent l’accent sur l’illustration. Pour vos dernières emplettes…

Ils affichent leur personnalité, se drapent dans leurs collections privées et rivalisent de beauté. Reconnaissables à leur couverture souple à rabat, leur chic papier glacé, leur graphisme stylé et… leur diversité, les albums jeunesse des éditions Les 400 coups offrent des histoires classiques et fantaisistes pour les étrennes.

Vaporeuse, L’Écharpe rouge raconte l’histoire d’une souris, chauffeur de taxi de son état, qui veut rendre à un client, artiste de cirque, l’écharpe oubliée sur la banquette. Une seule phrase lance le jeune «lecteur», et les mots sembleraient superflus devant l’expressivité du trait. Dans un album grand format, les aquarelles aériennes d’Anne Villeneuve communiquent tout à l’enfant, en effet, sans que l’aide d’un adulte soit nécessaire: générosité, peur, gratitude…

Pour les 6 à 8 ans, Thierry Lenain et Stéphane Poulin ont concocté ensemble, de nouveau, une histoire explorant un aspect du rapport des enfants avec leur corps, en démystifiant certes mais en prenant très au sérieux leurs angoisses. Alors que Petit Zizi libérait les garçons d’une inquiétude de gabarit, dans Touche pas à mon corps, Tatie Jacotte!, une gamine explique à ses parents qu’elle refusera désormais les affreux baisers d’une tantine-sorcière. Situation délicate, où les enfants passent souvent pour irrespectueux, alors qu’ils apprennent, précisément, à se respecter. Sur le canevas brut, très texturé, les huiles de Stéphane Poulin créent un étrange effet de réalisme, mais avec la démesure propre au cauchemar… Pour l’enfant, nul doute que cela provoque un exorcisme jubilatoire.

Ces histoires pied de nez paraissent dans la bien nommée collection «Grimace», à laquelle deux nouveaux titres viennent de s’ajouter: Attends une minute! de Dominique Jolin, joyeux délire imaginaire d’un enfant impatient comme… un enfant, et La Dinde aux écrevisses de Marc Mongeau, une recette fantaisiste, tendre et savoureuse pour Noël.

À l’enseigne des «Petits albums», où logent des histoires plus classiques, on (re)trouvera Plumeneige de Cécile Gagnon, publié chez Héritage au début des années 80, avec illustrations de l’auteure, et bien sûr épuisé. Sous le pinceau coloré d’Hélène Desputeau (la maman de Caillou), ce conte merveilleux, où une petite fille attend le retour du bonhomme de neige qui s’est sauvé, trouve une nouvelle jeunesse.

La même Cécile Gagnon, résolument du côté des classiques, a fouillé le répertoire populaire d’ici et livre cinq Petits Contes de ruse et de malice; chacun superbement mis en images par l’un des illustrateurs: Ninon, Steve Beshwati, Isabelle Pilon, Yayo et Stéphane Jorish (récemment lauréat du Prix du Gouverneur général, section illustration-jeunesse). La collection «Billochet», avec ses contes et légendes, transmet aux enfants la mémoire du passé, à travers une riche tradition orale. Ici, joueurs de tours, voleurs de grand chemin et fins finauds sont à l’honneur, ce qui nous change des diables et des feux follets…

Quelques titres constituent des rééditions d’albums européens ou américains récents, que l’on peut ainsi se procurer à moindre coût, comme Tibert et Romuald (le pouvoir des mots illustré par l’histoire de Schéhérazade, adaptée pour un souriceau tombé entre les pattes d’un énorme matou!), paru originellement chez Milan. Là encore, l’éclectisme prévaut: il faudra choisir entre la fable drolatique et la gravité historique, entre l’opiniâtre proprement réjouissante De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête, et la sobre mélancolie de Rose Blanche, poignante évocation de l’Holocauste, vu par une petite Allemande. Dans les illustrations de Roberto Innocenti, aux couleurs ternes de la guerre, se détache la boucle rouge de la fillette, qui semble vouloir tenir tête au brassard nazi.

Il y en a pour tous les goûts, en somme. Fréquentée ou dirigée par d’excellents illustrateurs, les Jorish, Poulin, Yayo, Jolin…, chaque collection, avec sa signature graphique personnelle, apparaît comme un véritable espace de liberté… et offre en cadeau un bonheur de lecture.