Nicole Neatby : Carabins ou activistes?
Dans Carabins ou activistes?, Nicole Neatby raconte comment les bons élèves soumis de l’Université de Montréal du début des années 50 sont graduellement devenus les forts en gueule de la fin de la grande noirceur.
L’idéalisme et la radicalisation de la pensée étudiante
à l’Université de Montréal au temps du duplessisme
Depuis les années 60, on a l’habitude d’associer la figure de l’étudiant universitaire à celle du contestataire. Dans Carabins ou activistes?, Nicole Neatby raconte comment les bons élèves soumis de l’Université de Montréal du début des années 50 sont graduellement devenus les forts en gueule de la fin de la grande noirceur.
Neatby retrace l’évolution de la pensée étudiante au fil des dix années qui ont précédé la Révolution tranquille. Cette histoire des prises de position et des activités sociopolitiques des leaders étudiants de l’époque commence au sein d’un monde englué dans un cléricalisme étouffant, alors que la vie étudiante et l’AGEUM (Association générale des étudiants de l’Université de Montréal) étaient soumises à un ensemble de règlements d’un autoritarisme à faire frémir. Et l’on découvre que c’est essentiellement par le biais de contacts avec des étudiants de l’extérieur du Québec (du reste du Canada, mais aussi d’Europe) que les leaders étudiants ont cessé de se limiter à l’organisation des bals de fin d’année pour commencer à prendre parti dans les débats de société.
Carabins ou activistes? propose une tranche d’histoire qui est en soi fort intéressante. Mais cette étude sur les jeunes hommes qui ont marqué la vie étudiante des années 50 (les jeunes femmes, on s’en doute, y étaient plutôt rares…) permet surtout d’observer dans quelles conditions nombre des grandes personnalités des années 60 et 70 ont fait leurs premiers pas dans la vie publique: Hubert Aquin, Pierre Perrault, Denis Lazure, Robert Bourassa…
Finalement, avec Carabins ou activistes?, Nicole Neatby évoque avant tout une époque bien révolue, où l’obtention d’un diplôme universitaire menait vraiment quelque part… Éd. McGill-Queen’s University Press, coll. Études d’histoire du Québec / Studies on the History of Quebec, 1999, 264 p.y