Georges Picard : Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison
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Georges Picard : Petit traité à l’usage de ceux qui veulent toujours avoir raison

Georges Picard est constamment de mauvaise humeur. «Tout m’énerve», affirmait-il il y a deux ans, après avoir précédemment discuté De la connerie. Il nous propose cette fois un Petit traité à l’usage de ceux qui veulent toujours avoir  raison.

Georges Picard est constamment de mauvaise humeur. Les moindres travers de l’époque le mettent en rogne. Et on est bien obligé de lui donner raison: face à la bêtise ambiante, comment faire autrement que se lever chaque jour du mauvais pied? «Tout m’énerve», affirmait-il ouvertement il y a deux ans, après avoir précédemment discuté De la connerie. Il nous propose cette fois un Petit traité à l’usage de ceux qui veulent toujours avoir raison.

Ce Petit traité est le parfait manuel de la mauvaise foi. À l’heure où l’on ne cesse de se plaindre qu’il n’y a plus de véritables débats d’idées, Picard nous démontre que le problème tient au fait que toutes les discussions tournent à vide. Ainsi remarque-t-il que «lorsqu’une discussion ne tourne pas à notre avantage, il reste, en dernier ressort, à placer une statistique. Les médecins de Molière avaient le grec et le latin; nous avons les statistiques et les sondages. Jadis, la pédanterie était éloquente; désormais, elle est sèche et scientifique».

Force est également de constater avec lui que «vous paraîtrez toujours plus profond avec un bon mot qu’avec un mauvais discours, voire qu’avec un discours excellent, qui a toutes les chances d’être, pour cela même, jugé prétentieux». Et que dire des savantards qui cherchent à avoir le dernier mot en nous assommant de références et de citations, en recouvrant leurs propos de cette «croûte superficielle de la culture sous laquelle ne se cache pas toujours grand-chose, mais qui offre l’avantage d’enrober joliment certaines formes d’ignorance, empâtées de mémoire livresque».

Picard nous signale qu’on ne peut même pas se justifier d’alimenter ce genre de discussions en sortant le prétexte d’avoir des idées à défendre: «Avoir des convictions ne suffit pas à les légitimer. Tout le monde a des convictions, y compris les pires imbéciles.» Un peu plus et on pourrait accuser ce Petit traité de prétention si l’auteur n’avait pas ouvertement recours, pour nous conduire à lui donner raison, à la plupart des procédés qu’il dénonce!

Avec ce Petit traité à l’usage de ceux qui veulent toujours avoir raison, Georges Picard nous dit en fin de compte que, pour défendre des convictions, il faut être con… vaincu. Éd. José Corti, 1999, 210 p.