Lamberto Tassinari : Utopies par le hublot

Lamberto Tassinari est de ceux qui ont été à l’origine du plus en plus regretté magazine Vice Versa. Pendant la majeure partie de sa dizaine d’années d’existence, cette revue a été l’un des rares lieux de réflexion où les idées nouvelles ont eu l’avantage sur les idées reçues.

Utopies par le hublot propose une sélection d’articles pour la plupart puisés dans les pages du défunt magazine. Tassinari s’y penche essentiellement sur les avenues qui s’offrent à la culture et à la société québécoises lorsqu’elles s’aventurent en dehors des sentiers battus du nationalisme. Refusant l’alternative indépendance ou fédéralisme, il explore plutôt les voies de la transculture. Le multiculturalisme, qui n’est en fin de compte qu’un nationalisme à visages multiples, conduit au renfermement folklorisant des différences ethniques sur elles-mêmes. Tandis que la transculture est un espace de croisements, de métissage.

Et la sacro-sainte question linguistique là-dedans? «Je ne crois pas que Québec français signifie nécessairement Québec libre», écrit Tassinari. Ce que cherchent les nationalistes, c’est à faire en sorte que la langue française soit en position dominante; ce que Tassinari veut remettre en question, ce sont toutes les formes de domination.

Bon nombre des articles regroupés dans Utopies par le hublot datent du tournant des années 80 et 90. Dix ans, c’est beaucoup pour des propos liés à l’actualité. Et on a pourtant l’impression que la plupart de ces textes auraient pu être écrits aujourd’hui. C’est dire la longueur d’avance qu’avaient Lamberto Tassinari et les rédacteurs de Vice Versa. Ou est-ce que nous avons pris du retard? Éd. Carte blanche, 1999, 156 p.