Les Quatre Cents coups : Marcel Moussy et François Truffaut
Pur bonheur de «revoir», par la lecture, les frasques tristounettes d’Antoine Doinel, en fugue dans un Paris d’hier. Ouvre phare de la Nouvelle Vague, ce deuxième film de Truffaut (mais son premier long métrage, après Les Mistons) est la chronique d’adolescence de celui qui restera, pendant vingt ans, l’alter ego du cinéaste (Jean-Pierre Léaud défendra ce personnage de 14 à 34 ans!). On connaît le goût de Truffaut pour les livres et pour la narration: pas étonnant, donc, qu’il ait tiré de son film, pour publication, non pas le scénario dialogué mais plutôt un véritable roman. L’original, paru à la sortie des Quatre Cents coups en 1959, était sans doute depuis longtemps épuisé; cette réédition de poche, avec plusieurs photos du film, comblera les cinéphiles et gagnera un nouveau public chez les enfants. Son intérêt va d’ailleurs au-delà du répertoire. Le drame du cancre, du délinquant, de l’enfant mal aimé – alors qu’on sonne l’alarme devant l’échec scolaire des garçons et leur désespoir hélas! suicidaire – trouve aujourd’hui un écho retentissant. Et la sortie de secours que Doinel-Truffaut voit dans les livres et la création pourrait offrir une fugue salutaire à d’autres petits Doinel. Éd. Gallimard, 1999, coll. «Folio Junio», 119 p.