Michel Gendron : Bethsaïda
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Michel Gendron : Bethsaïda

Bethsaïda est le premier roman de Michel Gendron. Au menu: Templiers, croisades et espionnage… Qui a dit que le Moyen Âge était dépassé?

Le premier roman de l’auteur originaire de Verdun, passionné d’histoire et spécialiste du Moyen Âge, est plus qu’une simple évocation romanesque des Croisades. Grâce à la profondeur des personnages, autant historiques que fictifs, au réalisme des descriptions (la liste des sources à la fin du roman est impressionnante) et à la qualité des dialogues, Gendron nous permet d’être témoins de la vie à cette époque où il fallait posséder une intelligence et un courage exceptionnels pour améliorer sa condition.
On est en l’an 1183, et lorsqu’il apprend que sa belle a été promise à un autre parce qu’il n’était qu’un puîné sans terre, Galeran décide de fuir un morne avenir en s’engageant à servir les Templiers. Il aura pour mandat de protéger les pèlerins lors de leur voyage jusqu’à Jérusalem. Toutefois, il se rend rapidement compte qu’il n’a pas la vocation de protecteur de pèlerins car elle ne lui permettra jamais de changer de statut social.
L’occasion de transformer le cours de son destin se présente sous les traits du chevalier Orban d’Artésie, espion du comte Raymond de Tripoli, l’un des barons du roi Baudouin IV. D’Artésie, blessé à mort par des hommes de Saladin, remet à Galeran un message qu’il doit transmettre de toute urgence au comte. Dès cet instant, Galeran, autant par sa bravoure au combat que par son intelligence (on le surnomme « chevalier de Bethsaïda » car il a permis
à l’armée franche, désorganisée et affamée, de s’approvisionner afin de résister aux troupes de Saladin), devient une figure de proue dans l’interminable combat que mènent les chrétiens pour conquérir le Moyen-Orient. Devenu espion pour le comte de Tripoli, Galeran aura fort à faire pour parer aux intrigues, complots et trahisons qui marquent le règne du Roi lépreux. Une lutte acharnée et sanglante qui le laissera désillusionné sur sa foi: «Notre conquête ne repose sur rien et nous sommes honnis. Les Francs nés ici, eux, n’ont pas le choix. Ils défendent leurs biens, leurs gens, leur vie (…). Créature du Tout-Puissant, l’omme n’aura su ériger que des frontières de sang sur la terre de l’Amour.»
À travers Galeran, Gendron décrit une époque cruelle de l’histoire qui aurait pu devenir rebutante et laborieuse si l’auteur ne l’avait pas habitée par la quête de son personnage principal. Les nombreux rebondissements et dénouements qui marquent sa grandiose aventure en Terre sainte ne la rendent que plus palpitante. Éd. Libre Expression, 1999, 525 p.