Nadine Bismuth / Pierre Samson : Qui vous a donné votre première chance?
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Nadine Bismuth / Pierre Samson : Qui vous a donné votre première chance?

Pendant l’événement La Relève… une histoire à suivre, nous demandons chaque semaine à deux écrivains, l’un connu et l’autre moins, comment se sont déroulés leurs débuts dans le métier.

Nadine Bismuth, auteure de Les gens fidèles ne font pas les nouvelles (Éd. du Boréal, 1999)

«J’ai eu un mentor en fait, c’était mon professeur de littérature à l’université. J’avais suivi des cours en création littéraire, parce que je faisais mon mémoire en critique et que je voulais me reposer de la théorie en création… et puis mon prof m’a encouragée à continuer, ce qui fait que j’ai persévéré. Comme nous écrivions surtout des nouvelles en classe, j’ai continué dans le genre. Mon prof n’a pas agi en "prof" justement, mais plutôt en directeur littéraire; et il me guidait. Et, à un moment donné, il m’a parlé de publication… J’avoue que je n’y croyais pas vraiment, enfin, je trouvais ça un peu irréel: c’était presque trop beau! Par la suite, tout s’est très bien déroulé, avec la maison d’édition qui m’a beaucoup aidée. En fait, je suis très consciente de ma chance, mais je ne me mets pas de pression non plus: je ne veux pas que les regards extérieurs, notamment celui de la critique, deviennent prescriptifs. Je dois continuer à rester concentrée sur ce que j’écris.»

Pierre Samson, auteur de trois romans dontIl était une fois une ville (Éd. Herbes rouges, 1999)
«Personne ne m’a vraiment donné de première chance, puisque je suis parti à Toronto pour écrire mon premier roman, et me refermer sur moi-même. Je voulais être loin de tout, me retrouver. Pour cette raison précise, personne ne pouvait vraiment me donner de conseils, et je ne les ai jamais recherchés. Je préfère affronter mes faiblesses, mes contradictions, et aller au bout de moi-même. Je trouve que ce n’est pas un service à rendre à un écrivain que de lui donner son opinion. Il doit pouvoir sentir si son livre se tient. C’était un luxe que je voulais me payer, savoir si j’étais capable d’écrire, seul, un roman. D’ailleurs, pour moi, le fantasme n’était pas de publier en tant que tel, mais plutôt d’écrire. Or j’ai quand même envoyé mon livre à six éditeurs, pour vérifir si j’avais un certain talent. Une première maison m’a répondu, acceptant mon manuscrit mais me demandant pas mal de changements qui ne cadraient plus avec ce que j’avais fait originellement. Alors j’ai accepté la proposition d’une autre maison, plus petite, mais qui prenait le projet comme il était.»