Jean-Philippe Toussaint : Autoportrait (à l'étranger)
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Jean-Philippe Toussaint : Autoportrait (à l’étranger)

Autant Tati que Tintin, l’écrivain-cinéaste globe-trotter belge Jean-Philippe Toussaint nous livre un bien agréable carnet de voyages avec cet Autoportrait (à  l’étranger).

Autant Tati que Tintin, l’écrivain-cinéaste globe-trotter belge Jean-Philippe Toussaint nous livre un bien agréable carnet de voyages avec cet Autoportrait (à l’étranger). Le romancier-réalisateur, à qui l’on doit Monsieur (qu’il est absolument impérieux de lire – éditions de Minuit -, ou de voir – en vidéo), nous adresse une collection de fragments de textes qui louvoient entre la banalité des messages de cartes postales et la fatalité des confidences du journal intime. Et qui, surtout, naviguent entre les extrêmes de ces polaroïds flous!
Peut-être faut-il que l’oeuvre de Jean-Philippe Toussaint nous soit familière pour que nous nous intéresser à la poursuite de ses faits et gestes? Peut-être faut-il avoir lu La Salle de bain (1985), L’Appareil photo (1989) et La Télévision (1997) pour prendre autant de plaisir aux racontars des tribulations bien souvent anodines de l’auteur? De Tokyo à Berlin, de Prague à Hanoï, de Tunis à la Corse, Toussaint nous entraîne, tantôt avec sa petite famille, au coeur d’un trivial tournoi de pétanque qui leur procure pourtant un grand moment de bonheur; tantôt au sein d’une tribu d’écrivains, dans le protocole diplomatique un peu empesé d’une réunion universitaire… où apparaît Jane Birkin qui leur murmurera un filet de ritournelle!
Avec ce ton profondément superficiel, Toussaint relate de bien sympathiques anecdotes, aussi niaises que graves. Comme cette rencontre étrange avec une admiratrice japonaise. «Je pressentis même alors, fugitivement, qu’elle allait me faire une déclaration d’amour. Vous savez, je ne vous avais pas imaginé comme ça à la lecture de vos livres, m’avoua-t-elle à voix basse… je vous imaginais plus petit, plus intelligent et plus bleu… …Vous m’imaginiez plus intelligent? dis-je sur le ton de la conversation.
Oui, dit-elle.-»
Peut-être Jean-Philippe Toussaint devrait-il cesser de voyager et écrire davantage. Mais peut-être sont-ce ses voyages qui nourrissent son oeuvre. Peut-être faudrait-il lui dire qued’autres admirateurs l’imaginent plus grand, moins bleu, très intelligent, et surtout, beaucoup plus prolifique. Car il se fait bref et rare. Et on en prendrait bien davantage, et plus souvent. Mais on se contente de ce qui passe.

Éd. de Minuit, 2000, 123 p.