Freeman Wills Crofts : Silence pour l'assassin
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Freeman Wills Crofts : Silence pour l’assassin

Freeman Wills Crofts est l’auteur de Silence pour l’assassin, un polar charmant mais suranné.

En cet après-midi où Dulcie Heath s’en va cueillir son amoureux à la gare de Euston, en banlieue de Londres, elle croit vivre le premier d’une très longue série de jours heureux. Enfin, son beau Roscoe, démobilisé après quelques années de service, lui revient. Enfin, il pourra se trouver un travail honorable et lui faire la demande en mariage qu’elle attend depuis si longtemps. Elle se voit déjà fondant un chaleureux foyer avec cet être si charmant, si sûr de lui, si séduisant, si rassurant pour cette femme qui se croit beaucoup moins intelligente qu’elle ne l’est en réalité. Or le Roscoe qui descend du train ce jour-là n’est plus du tout celui qu’elle a connu.
Évaporée, la belle assurance qu’il avait toujours affichée, disparue en même temps que sa prime de démobilisation qu’il a perdue dans de louches circonstances. C’est un homme traqué, sans le sou, qu’elle doit ce jour-là accueillir. Un homme qui a commis une grosse bêtise et qui en paie aujourd’hui le prix. Mais elle l’aime; et pour lui, elle ferait n’importe
quoi. Lui prêter de l’argent, de quoi s’acheter des vêtements convenables. Lui trouver un travail au bureau du chirurgien où elle fait office de secrétaire-réceptionniste depuis plusieurs années. Et même, si c’est le prix à payer pour s’assurer son bonheur futur, accepter de jouer un rôle dans la combine aussi ingénieuse que malhonnête imaginée par Roscoe pour extorquer un peu d’argent aux riches clients du célèbre chirurgien.
Qu’importe: la fin ne justifie-t-elle pas les moyens?
La chance semble vouloir sourire au jeune couple, jusqu’au jour où Roscoe quitte son travail pour devenir secrétaire d’un riche rentier, et commence à s’intéresser de plus en plus à la fille de ce dernier, célibataire, et seule héritière. Alors l’amour de Dulcie tourne à la haine. Et quand le nouveau patron de Roscoe meurt dans de fort douteuses circonstances, Dulcie
commence à ourdir sa vengeance.
L’auteur de ce polar charmant mais suranné, Freeman Wills Crofts, avait huit ans quand Sherlock Hlmes est né. Il est de l’époque d’Agatha Christie, de Chesterton, ces années que Robert Deleuse, auteur des Maîtres du roman policier, a baptisées «les années de pierre», celles du detective story, genre qui tenait lieu de passe-temps à la bourgeoisie, au même titre que les échecs ou les mots croisés. C’est dire que les nostalgiques du bon vieux roman à énigmes seront servis. Crofts, bien qu’il nous égare un peu dans ses manières, l’enquête passant tour à tour des mains d’un avocat à celles de privés, puis de divers enquêteurs de la police, puis du FBI, réussit à rendre ses personnages fort crédibles.
Et malgré un happy end où les choses se précipitent drôlement, on ne peut s’empêcher d’imaginer le bon scénario qu’Hitchcock aurait tiré de Silence pour l’assassin.

Traduit de l’anglais par Dominique Mainard, Éd. Rivages/Mystère, 2000, 262 p.

Silence pour l'assassin
Silence pour l’assassin
Freeman Wills Crofts
Rivages/Mystère