Elena Lappin : La Marche nuptiale
Livres

Elena Lappin : La Marche nuptiale

Née à Moscou, Elena Lappin a partagé son enfance entre Prague et Hambourg, vécu en Israël, au Canada et aux États-Unis, puis installé ses pénates à Londres, où elle résidait toujours, aux dernières nouvelles…. Une saveur cosmopolite qui pimente son recueil de nouvelles, La Marche nuptiale. Ses héroïnes traversent allégrement les frontières géographiques et culturelles, transgressent parfois les barrières d’âge ou de religion pour trouver mari.

Née à Moscou, Elena Lappin a partagé son enfance entre Prague et Hambourg, vécu en Israël, au Canada et aux États-Unis, puis installé ses pénates à Londres, où elle résidait toujours, aux dernières nouvelles…. Une saveur cosmopolite qui pimente son recueil de nouvelles, La Marche nuptiale. Ses héroïnes traversent allégrement les frontières géographiques et culturelles, transgressent parfois les barrières d’âge ou de religion pour trouver mari.

Avec un oeil ironique, l’auteure et journaliste – l’Olivier publie du même coup L’Homme qui avait deux têtes, un récit-enquête de Lappin sur l’imposture de Binjamin Wilkormirski, un Suisse qui a écrit un livre sur ses prétendus souvenirs d’enfance dans un camp de la mort – joue sur l’identité, l’exil et les rapports entre les sexes, compliqués ici par les relations interculturelles. Exemple de ces drôles de ménages? Le Ruban rose: pétrie de culpabilité allemande, une beauté germanique se convertit au judaïsme pour plaire à un écrivain cynique, puis en épouse un autre, avec lequel elle va vivre dans le désert israélien, avant de prendre une sorte de revanche ironique sur le premier.

Dans plusieurs nouvelles, humour et judaïsme font ainsi bon ménage. L’amusante histoire qui ouvre le recueil, Noa et Noah, raconte la vengeance d’une jeune Israélienne, qui se rend compte que le juif anglais qu’elle a épousé n’est pas l’étranger fascinant qu’elle s’imaginait: non contente de lui servir en secret de la viande non casher, elle s’envoie le boucher par-dessus le marché…

Ces histoires écrites sans détour, qui s’achèvent souvent sans conclure, s’inscrivent généralement dans l’espace de la déception conjugale, de l’incompréhension culturelle (le face-à-face, mélange d’attirance et de malentendus, entre une juive et un Casque bleu italien, dans En Palestine, fais comme les Romains, du jeu des attentes. Dans Les Paons, une jeune Russe se fiance à un Britannique, via une agence de rencontres internationales, pour s’apercevoir, une fois rendue à Londres, que son promis n’est que le majordome d’une star de la musique…

Si elles semblent souvent se réfugier à corps perdu dans des unions contractées hâtivement, les épouses finissent par acquérir une sorte d’émancipation dans ce bouquet d’histoires de très inégal intérêt, mais qui traduisent, avec une agréable légèreté et un ton parfois singulier, oscillant entre l’absurde et le réalisme, le mouvement du désir et de l’identité.

Traduit de l’anglais par Agnès Desarthe,
Éd. de l’Olivier, 2000, 246 p.