Grands récits militants des XIXe et XXe siècles : Explication de texte
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Grands récits militants des XIXe et XXe siècles : Explication de texte

Marc Angenot est une des principales personnalités de la vie universitaire montréalaise. Figurant parmi les professeurs les plus en vue sur le plan international, il est également l’un des plus productifs: 20 titres en 25 ans, dont les deux plus récents viennent de paraître coup sur coup: Les Grands Récits militants des XIXe et XXe siècles et La Critique au service de la révolution.

Marc Angenot

est une des principales personnalités de la vie universitaire montréalaise. Figurant parmi les professeurs les plus en vue sur le plan international, il est également l’un des plus productifs: 20 titres en 25 ans, dont les deux plus récents viennent de paraître coup sur coup: Les Grands Récits militants des XIXe et XXe siècles et La Critique au service de la révolution.

Depuis quelques années, Marc Angenot s’est fait une spécialité de l’étude des écrits socialistes du XIXe siècle et de la première moitié du XXe. Et l’originalité de sa démarche tient en partie au fait qu’il analyse ces textes à la lumière de la théorie de la littérature, en l’occurrence, la sociocritique.

Ce n’est pas en politicologue qu’il se penche, dans Les Grands Récits militants…, sur les livres des grands penseurs sociopolitiques de l’époque: Auguste Comte, Collins, Marx, etc. Angenot les analyse comme s’il s’agissait d’oeuvres littéraires; il les aborde en tant que récits dans lesquels le poids des mots est aussi important que celui de l’argumentation et des idées. Ce qui lui permet d’y isoler un ensemble de constantes. Ces «grands récits militants» cherchent tous plus ou moins à remplacer les dogmes religieux du passé par les «certitudes» de la science. Ils sont, de plus, «holomorphes»: ils prétendent toucher à toutes les questions, et apporter des solutions à tous les problèmes de leur temps. Et il ne faut souvent qu’un petit pas pour passer du totalisateur au totalitaire…

Dans La Critique au service de la révolution, Angenot étudie la critique littéraire communiste française des années 30. Fondé sur une analyse exhaustive de toutes les publications communistes de l’entre-deux-guerres, l’ouvrage détermine à partir de quels critères leurs chroniqueurs statuaient qu’un auteur était réactionnaire ou révolutionnaire. On y découvre comment ceux-là mêmes qui se voulaient l’incarnation de l’avant-garde politique ont pu passer complètement à côté des oeuvres littéraire les plus révolutionnaires de leur époque: Proust, Joyce, etc.

On aura deviné que les ouvrages de Marc Angenot donnent dans le costaud! Mais contrairement à nombre de théoriciens contemporains de la littérature, leur auteur ne sombre jamais dans le jargon savantard. Et s’il porte un regard fort critique sur les écrits socialistes et communistes, ce n’est jamais pour les condamner à la manière des anciens communistes revanchards qui tiennent de nos jours le haut du pavé de l’intelligentsia universitaire parisienne.

Les travaux de Marc Angenot cherchent simplement à comprendre comment fonctionne un vaste ensemble d’écrits qui ont été à l’origine de bien des malheurs, mais qui demeurent malgré tout portés par la générosité et l’espoir d’un monde meilleur.

En passant, ceux et celles qui voudront lire Les Grands Récits militants des XIXe et XXe siècles et La Critique au service de la révolution devront s’adresser au service des commandes de leur librairie favorite. Ce genre d’ouvrage ne se vend pas assez pour qu’on puisse le retrouver à l’étalage des nouveautés…

Les Grands Récits militants des XIXe et XXe siècles
Religions de l’humanité et sciences de l’histoire
Éd. L’Harmattan, coll. Ouverture philosophique, 2000, 221 p.

La Critique au service de la révolution
Éd. Peeters / Vrin, 2000, 438 p.