Christophe Ferré : La Septième Nuit
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Christophe Ferré : La Septième Nuit

Dans son troisième roman, La Septième Nuit, l’écrivain décrit la dérive d’un jeune homme abandonné à lui-même après une passion amoureuse dévorante et d’une sensualité torride. On dit, lorsqu’on est amoureux, que la vie est belle, que tout dans la vie est beau; et lorsque l’amour a fui, tout à coup plus rien de beau ne peut plus survenir.

Romancier et auteur dramatique français, Christophe Ferré est l’auteur de deux romans – La Chambre d’Amour et Histoire étrange du chien (Éd. Arléa, 1995 et 1997) – qui ont reçu en France un accueil chaleureux de la critique; et de plusieurs pièces de théâtre, dont la plus récente, Les Laves de l’Etna, était créée la saison dernière à Paris.
Dans son troisième roman, La Septième Nuit, l’écrivain décrit la dérive d’un jeune homme abandonné à lui-même après une passion amoureuse dévorante et d’une sensualité torride. On dit, lorsqu’on est amoureux, que la vie est belle, que tout dans la vie est beau; et lorsque l’amour a fui, tout à coup plus rien de beau ne peut plus survenir. Voilà ce que va découvrir au fil des jours, sept jours comme dans La Genèse, le temps de se rendre compte de ce qui lui arrive, Hubert, le personnage principal du roman. Jeune, idéaliste et inexpérimenté,
ce garçon timide et naïf s’est amouraché d’une femme à la fois très belle et sensuelle, par qui il s’est laissé entraîner dans des vacances de rêve.
De plage en plage, d’un hôtel à l’autre, ils se sont aimés. Chaque jour, «la femme d’Hubert» – le narrateur ne la nommera pas autrement – exigeait qu’il lui fasse l’amour, et deux fois plutôt qu’une. Un peu éberlué par ce cadeau de la vie, Hubert s’est laissé glisser dans ce beau rêve, jusqu’à ce jour, fatal, où la femme en a eu assez et est partie avec un autre, un homme qui lui avait souri un jour sur une plage. Cela, il le comprendra plus tard, en
se remémorant bien malgré lui les étapes de leur voyage, car «les souvenirs reviennent dans la tête d’Hubert comme de grandes paires de claques».
Les sept jours narrés ici sont ceux de la réappropriation par le garçon de sa propre vie. D’abord désorienté, il observe le monde autour de lui, qui lui paraît bien laid tout à coup, avec ses vieillards qui veulent faire jeune et sont pleins d’exigences, au restaurant par exemple. Puis, il se trouve un boulot et assiste, impuissant, dégoûté,à l’assujettissement
sexuel d’une employée par son patron. Il se retrouve en Bretagne. «Il pleut sur Brest ce soir-là, comme tous les soirs. Hubert n’a croisé personne rue de Siam. Il a entendu le vent d’hiver, le grand vent d’hiver qui vient du pôle. Bientôt, Hubert sera mort. C’est ce qu’il se dit. Vissé dans un cercueil, les yeux figés sur le couvercle, sans rien attendre. Paisible.
Hubert n’aura plus à se dire: "Où est-elle?"» Pourtant, mine de rien, l’espoir renaîtra, avec l’oubli peut-être. Et la rencontre d’une autre femme, moins manipulatrice. Le roman de Christophe Ferré, très français par la géographie qui s’y détaille, porte tout de même,
grâce au regard froid, clinique mais teinté d’une certaine ironie, du héros sur ses contemporains. Et grâce aussi aux atmosphères que l’écrivain parvient très bien à créer.

Éd. du Seuil, 2000, 144 p.