Hélène Pedneault : Les Carnets du lac
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Hélène Pedneault : Les Carnets du lac

Traduire les états d’âme d’un lac, ses «réflexions», voilà un projet littéraire peu commun. Aussi est-ce un livre peu commun, à la fois séduisant et déroutant, que Les Carnets du lac, une «traduction» d’Hélène Pedneault.

Traduire les états d’âme d’un lac, ses «réflexions», voilà un projet littéraire peu commun. Aussi est-ce un livre peu commun, à la fois séduisant et déroutant, que Les Carnets du lac, une «traduction» d’Hélène Pedneault.

À l’origine du concept, une rencontre. En 1989, Hélène Pedneault loue une petite maison sur les rives du lac Saint-Sébastien, à Saint-Zénon. Elle tombe amoureuse des lieux au point de convaincre les propriétaires de lui vendre la maisonnette. Commence alors un étonnant dialogue, un rapprochement entre deux êtres de nature différente.

L’échange qui suit est fait de confidences, de reconnaissance mutuelle – l’être humain est constitué à quatre-vingts pour cent d’eau, après tout -, d’ouvertures poétiques où transparaissent les états du lac, sa sagesse millénaire: «Quand je deviens le lit de la lumière, l’écrin du soleil de midi ou le cimetière des rosées et des orangés du soleil couchant, je ne me prends pas pour le maître du monde. Je vis dans la nécessité de la beauté. Je fais ce que j’ai à faire. Je suis.»

D’un tel passage, on s’émerveille, on tire un bel enseignement. On suivra moins facilement le fil des réflexions quand ce même lac portera une série de jugements sur l’activité humaine, parlera de la coupe à blanc ou du Rwanda, dans des mots qui rappellent beaucoup ceux des hommes: «Ils cherchent dans leurs chromosomes, ils déplient des kilomètres d’ADN, ils découpent des cerveaux en tranches, ils scrutent. Ils se donnent de la peine. Ils cherchent désespérément pendant que ça tombe comme des mouches. Aujourd’hui, être un humain ou être une mouche, c’est presque pareil.»

Le malaise vient du fait qu’on ne s’attendait pas à ce que le projet devienne prétexte à un discours typiquement humain, celui d’Hélène Pedneault, l’environnementaliste engagée. Que la nature ait des choses à nous dire, aucun doute. Que nous soyons, le plus souvent, sourds à ses enseignements les plus élémentaires, que nous lui manquions de respect, c’est l’évidence la plus navrante. Mis par moments, on n’arrive plus à croire que ce sont les eaux qui s’expriment, ce qui faisait la magie du texte, au départ.

L’écriture d’Hélène Pedneault est inspirée, l’entreprise, motivée par de nobles intentions; mais l’ensemble ne convainc pas tout à fait, un peu comme un tableau où deux genres se mélangeraient sans grande harmonie.

Éd. Lanctôt, 2000, 94 p.