Paris-Match : Le Siècle de Match
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Paris-Match : Le Siècle de Match

Il faut s’appeler Paris-Match pour prétendre avoir vu évoluer le siècle du début jusqu’à la fin, alors que le magazine n’a fait son apparition dans les kisoques qu’en 1949. Qu’à cela ne tienne, on était là quand même! Dans la foulée des bilans séculaires, Paris-Match a recueilli tout ce qu’il y avait de photos-chocs pour illustrer ce siècle, le seul à avoir été photographié.

Il faut s’appeler Paris-Match pour prétendre avoir vu évoluer le siècle du début jusqu’à la fin, alors que le magazine n’a fait son apparition dans les kisoques qu’en 1949. Qu’à cela ne tienne, on était là quand même! Dans la foulée des bilans séculaires, Paris-Match a recueilli tout ce qu’il y avait de photos-chocs pour illustrer ce siècle, le seul à avoir été photographié, ce qui, avouons-le, est une caractéristique de taille. «Imaginez combien notre vision des événements des autres siècles aurait été changée si la guerre de Cent Ans, Jeanne d’Arc à Orléans ou sur son bûcher, la cour de Versailles sous Louis XIV, la Révolution, la Terreur (…) certifiées conformes à la vérité par l’objectif de l’appareil photo.» Tout cela fait très français, mais l’album photos que présente Match sort aussi des sujets hexagonaux, pour se remémorer par exemple la révolution d’Octobre, les guerres de Corée, du Viêt Nam, et, bien entendu, les deux Grandes Guerres.

On évoque également la mode, le cinéma, le monde glamour du showbiz sans lesquels Match ne serait pas la revue si populaire qu’elle est devenue. Présentant une décénnie par chapitre, Le Siècle de Match fait précéder chacun d’entre eux d’une photo de couverture préparée pour l’occasion: la première du siècle est consacrée à «Colette belle et libre, l’égérie insolente des temps modernes», et à la fameuse Exposition universelle de 1900, événement marquant qui a ouvert la porte sur la vie moderne. Par le biais de magnifiques photos, la grande force de Paris-Match, il faut en convenir, le siècle se déroule sous nos yeux. Pierre Combescot, Patrick Rambaud, Gilles Martin-Chauffier, Jorge Semprun, Philippe Labro, Françoise Chandernagor, Philippe Sollers, Michèle Fitoussi, Erik Orsenna et Jean-Christophe Rufin, presque tous des écrivains goncourisés, signent des textes sur chacune des dix décennies. On traite aussi bien du mouvement surréaliste, de Duchamp et ses ready-made, que des succès e Joséphine Baker ou des méfaits de Landru, ce tueur en série, l’un des premiers à subir les affres de la médiatisation; on évoque également la montée d’un certain Adolf, les ténèbres de l’Holocauste, les amours de Jean Gabin et Michèle Morgan, les premiers pas sur la Lune et la guerre d’Algérie. «Je vais avoir 24 ans à la fin de 1960 et malgré le succès d’un premier roman, Une curieuse solitude, loué par Mauriac et Aragon, l’avenir est loin d’être drôle», écrit Sollers, qui commente, dans un texte touchant, LA période charnière par excellence du XXe siècle. En fait, comme le dit Sollers, n’est-ce pas dans les années 60 que l’on est réellement entré dans le XXIe siècle?

Avec ses encadrés sur les enfants de la décennie (il faut voir Sartre, Beauvoir, Bécaud, Hallyday, tout petits!) qui deviendront les personnalités publiques du siècle (penseurs, artistes, acteurs, créateurs, hommes et femmes politiques), ce livre figure parmi les musts pour ceux qui aiment la photo, le journalisme, les bilans, et Paris-Match!

Éd. Filippachi, 2000, 181 p.