Vincent Vanoli : Le Décaméron
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Vincent Vanoli : Le Décaméron

Imitant le septième art, la bande dessinée exploite de plus en plus le terreau fertile de l’adaptation de l’oeuvre littéraire. Qu’il s’agisse de Marcel Pagnol, adapté (superbement) par Jacques Ferrandez, ou de l’autre grand Marcel, auteur d’À la recherche du temps perdu, dont Stéphane Heuet vient de faire paraître un second volume en bulles et en cases, on comprendra que les créateurs, ambitieux, ne s’attaquent généralement ni aux plus obscurs ni aux plus faciles. Dernièrement, c’est rien de moins que Le Décaméron, oeuvre marquante de la fin du moyen âge, qui a inspiré un fort bel album en noir et blanc au créateur mulhousien Vincent Vanoli.

Imitant le septième art, la bande dessinée exploite de plus en plus le terreau fertile de l’adaptation de l’oeuvre littéraire. Qu’il s’agisse de Marcel Pagnol, adapté (superbement) par Jacques Ferrandez, ou de l’autre grand Marcel, auteur d’À la recherche du temps perdu, dont Stéphane Heuet vient de faire paraître un second volume en bulles et en cases, on comprendra que les créateurs, ambitieux, ne s’attaquent généralement ni aux plus obscurs ni aux plus faciles. Dernièrement, c’est rien de moins que Le Décaméron, oeuvre marquante de la fin du moyen âge, qui a inspiré un fort bel album en noir et blanc au créateur mulhousien Vincent Vanoli.
Cette bande dessinée reprend grosso modo la structure du livre qu’a écrit Boccace entre 1349 et 1353 et qui réunissait une centaine de nouvelles (une dizaine dans l’album). Variations sur le motif de départ des Mille et Une Nuits, les histoires sont racontées par les divers invités auxquels un gentilhomme a offert de séjourner dans son domaine de campagne pour fuir la peste de 1348 à Florence, et qui, afin de voir les jours s’écouler «dans une sage atmosphère de connivence et d’harmonie», s’imposent la règle de conter à l’assemblée un récit par jour, à l’«heure la plus chaude» de celui-ci.

Comme chez Boccace, un prologue décrit avec un réalisme cru les horreurs de la maladie sévissant dans la capitale. On retrouve également le vieux moine narrateur qui a partagé les après-midi des exilés et qui transcrit plus tard leurs récits en leur faisant «subir certaines écorchures», «leur imprimant sa manière grossière». Les récits, variés, mettent en valeur la ville, la passion amoureuse, l’égalité de la femme, avec parfois une certaine licence, une moquerie envers la religion.

Dans ce séjour particulier, qui «n’aura été qu’une parenthèse au milieu de cette époque troublée», l’artiste Vanoli a trouvé, près de sept siècles plus tard, un lieu où laisser sa marque: son style en partie expressionniste, dnt le principe repose justement sur l’abandon des lois de la perspective que l’époque de Boccace s’apprête, elle, à découvrir. Dans certaines illustrations où cette technique est plus particulièrement exploitée, le résultat fait qu’un lit disposé au fond d’une chambre, tel dans l’art médiéval, nous apparaît debout, sur le même plan que les objets situés en principe à l’avant-plan. Un peu comme chez Van Gogh (par exemple, pour les arbres et les champs), le dessin est composé de zébrures, semble griffé, ce qui lui confère un certain volume. Cet intéressant graphisme est renforcé par le recours à l’encre de Chine et à des pastels grisés.

Jusqu’au 30 juin, le public montréalais peut admirer les planches originales d’albums de Vincent Vanoli, dont celles du Décaméron, à la sympathique Galerie F.52.
Éd. Ego comme X, 2000, 92 p.

La Galerie F.52 est située au 4933, rue de Grand-Pré
(une rue à l’ouest de Saint-Denis, au sud de Saint-Joseph)
Téléphone: 286-0352