

Vincent Vanoli : Le Décaméron
Imitant le septième art, la bande dessinée exploite de plus en plus le terreau fertile de l’adaptation de l’oeuvre littéraire. Qu’il s’agisse de Marcel Pagnol, adapté (superbement) par Jacques Ferrandez, ou de l’autre grand Marcel, auteur d’À la recherche du temps perdu, dont Stéphane Heuet vient de faire paraître un second volume en bulles et en cases, on comprendra que les créateurs, ambitieux, ne s’attaquent généralement ni aux plus obscurs ni aux plus faciles. Dernièrement, c’est rien de moins que Le Décaméron, oeuvre marquante de la fin du moyen âge, qui a inspiré un fort bel album en noir et blanc au créateur mulhousien Vincent Vanoli.
Dans ce séjour particulier, qui «n’aura été qu’une parenthèse au milieu de cette époque troublée», l’artiste Vanoli a trouvé, près de sept siècles plus tard, un lieu où laisser sa marque: son style en partie expressionniste, dnt le principe repose justement sur l’abandon des lois de la perspective que l’époque de Boccace s’apprête, elle, à découvrir. Dans certaines illustrations où cette technique est plus particulièrement exploitée, le résultat fait qu’un lit disposé au fond d’une chambre, tel dans l’art médiéval, nous apparaît debout, sur le même plan que les objets situés en principe à l’avant-plan. Un peu comme chez Van Gogh (par exemple, pour les arbres et les champs), le dessin est composé de zébrures, semble griffé, ce qui lui confère un certain volume. Cet intéressant graphisme est renforcé par le recours à l’encre de Chine et à des pastels grisés.