Thomas De Koninck : La nouvelle ignorance

La nouvelle ignorance et le problème de la culture
de Thomas De Koninck
La dénonciation de l’inculture est une des tocades de notre époque. Elle est en général le fait de personnes qui, au fur et à mesure qu’elles avancent en âge, se plaignent de plus en plus du fait que les plus jeunes n’en savent pas autant qu’eux, et surtout qu’ils ne s’intéressent pas aux mêmes choses que leurs aînés.
Au moins, ne peut-on pas reprocher à Thomas De Koninck, professeur à l’Université Laval, de tomber dans ce panneau. La nouvelle ignorance et le problème de la culture est une solide réflexion sur le peu de place que notre société laisse à la culture en ce tournant de millénaire.
Il est évidemment urgent d’opposer aux impératifs de la productivité ces merveilleuses pertes de temps que sont la littérature, la peinture, la musique, etc. On en découvre assurément davantage sur soi et sur l’homme (mais peut-être moins sur les femmes, les homos, les Noirs…) en lisant Shakespeare et quelques autres, qu’en parcourant le plus récent roman de Stephen King et la plupart des sites Internet. De Koninck renfonce un clou sur lequel on a déjà souvent tapé: le nombre de ses références suffit à le prouver.
La culture, dit-on, est ce qui reste quand on a tout oublié. Le problème avec La nouvelle ignorance tient à ce que l’ouvrage oublie complètement (et, pire: volontairement) de discuter: la question des conditions socioéconomiques. C’est bien beau de souligner la nécessité de renouer avec l’humanisme des grandes oeuvres, mais qu’est-ce que ça peut bien foutre quand de plus en plus de gens sont déshumanisés par la faim…? Éd. Presses universitaires de France, coll. Intervention philosophique, 2000, 204 p.