Anne Hébert : La Mercière assassinée
Livres

Anne Hébert : La Mercière assassinée

Forte en images, l’oeuvre d’Anne Hébert s’est souvent prêtée à l’adaptation cinématographique et télévisuelle. Peu avant sa mort, l’écrivaine a eu le bonheur de relire une de ses pièces de théâtre transposée pour la première fois dans un médium entièrement différent: une bande dessinée. Ce bel album de Mira Falardeau vient de paraître chez Soulières éditeur.

La Mercière assassinée
de Mira Falardeau, texte d’Anne Hébert
Forte en images, l’oeuvre d’Anne Hébert s’est souvent prêtée à l’adaptation cinématographique et télévisuelle. Peu avant sa mort, l’écrivaine a eu le bonheur de relire une de ses pièces de théâtre transposée pour la première fois dans un médium entièrement différent: une bande dessinée. Ce bel album de Mira Falardeau vient de paraître chez Soulières éditeur.
Dans une petite ville de France, où un journaliste québécois en voyage passe la nuit, on vient d’assassiner une vieille demoiselle, Adélaïde Menthe, mercière. L’histoire intéresse le héros qui aidera les autorités à mener l’enquête. Suspense policier, donc, La Mercière assassinée reste une oeuvre peu connue, jouée uniquement en 1958 à la télévision de Radio-Canada.
Le ton en est souvent léger, voire humoristique dans les portraits typiques d’habitants de la province française: un commis voyageur, une aubergiste en chaleur, un garagiste, une vieille marquise ruinée. Le thème des différences culturelles est exploité de façon subtile. Par exemple, la jeune employée de l’hôtel se montre ravie d’être surnommée "niochonne" (ignorant la signification du mot) par le séduisant Jean Rivière. Quant au juge d’instruction, il se lie avec le journaliste "canadien", croyant qu’on parlera de lui et de sa brillante enquête dans tous les journaux d’"Amérique".
Simple mais élégant, le dessin de Falardeau a quelque chose de légèrement suranné qui ne déplaît pas et qui s’adapte merveilleusement à l’époque représentée. Travaillant en noir et blanc, sans tons de gris, l’illustratrice procède à des aplats de noir, créant des effets éblouissants (la mare de sang dans laquelle baigne la mercière, les voiles d’un groupe de religieuses, le jardin nocturne du château Beau-Bassin, son ciel étoilé). L’album terminé, les soixante-seize pages nous paraissent bien courtes et on rêve de lire d’autres oeuvres d’Anne Hébert, peintes de la même encre et par la même plume. Pourquoi ne pas prolonger ce mariage?
Éd. Soulières, coll. "Mille Bulles", 2000, 76 p.

La Mercière assassinée
La Mercière assassinée
Anne Hébert