Nando Michaud : Le hasard défait bien des choses
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Nando Michaud : Le hasard défait bien des choses

«En 1980, j’ai quitté Québec et je me suis installé à Montréal. J’ai rompu tout lien avec ma ville natale, croyant, du même coup, rompre avec mon passé.» Ainsi débute le récit de Paul Dubé, protagoniste du dernier roman de Nando Michaud, dans un prologue qui tient lieu de présentation.

«En 1980, j’ai quitté Québec et je me suis installé à Montréal. J’ai rompu tout lien avec ma ville natale, croyant, du même coup, rompre avec mon passé.» Ainsi débute le récit de Paul Dubé, protagoniste du dernier roman de Nando Michaud, dans un prologue qui tient lieu de présentation. Dix-neuf ans plus tard, la vie de notre narrateur suit son cours, «ni terne ni gaie». Il survit comme rédacteur à la pige, boit ses payes, et cultive un cynisme bien à lui, anti-politically correct, frôlant la méchanceté, mais souvent très drôle. «On a cru à la dive bouteille pendant sa jeunesse, philosophe le narrateur, on continue d’y sacrifier par une sorte de respect du sacré. Désormais, je bois pour ne pas trahir une vocation.»

Tout va bien dans cette vie somme toute tranquille, les soirs d’ivresse et les réveils comateux alternant dans un doux mouvement de balancier. Jusqu’à ce qu’un drôle d’oiseau anonyme laisse, sur le répondeur de notre narrateur, un message aussi étrange qu’inquiétant: «Ton passé t’a rattrapé! (…) Tu as beau ne pas être croyant, tu vas bientôt découvrir que les morts sortent parfois de leur tombeau pour harceler les mécréants de ton espèce.» Et voilà que les souvenirs refluent. Que les amis oubliés ressurgissent. Que sa seule histoire (et sa seule peine) d’amour revient le hanter. Et c’est toute la folle jeunesse de Dubé qui défile en accéléré. La ville de Québec, la fin des années soixante-dix, le Chanteauteuil, les bars clandestins, les partouzes effrénées, l’amour libre et les trahisons.

Si Nando Michaud s’est fait connaître pour ses livres jeunesse (chez nous, Le Mystère de la chambre froide, paru aux éditions Balzac, est presque un roman-culte), Le hasard défait bien des choses est résolument destiné aux adultes. Les scènes de cul sont aussi explicites que nombreuses, les drogues dures circulent librement, et la violence n’est pas du tout édulcorée. Cela dit, les lecteurs avertis trouveront, dans ce polar hard core qui se boit en faisant culsec, un conteur drôle, irrévérencieux, et diablement habile.

Éd. Triptyque, 2000, 195 p.

Le hasard défait bien des choses
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Nando Michaud