Elmore Leonard : Viva Cuba libre!
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Elmore Leonard : Viva Cuba libre!

Elmore Leonard s’offre une belle petite visite dans le temps, en revenant en fin de XIXe siècle, à Cuba, alors que l’Espagne et les États-Unis s’apprêtent à entrer en guerre. Celui que les cinéastes branchés comme Tarantino et Soderbergh ont adapté au grand écran nous entraîne dans un épique western d’aventures, avec Ben Tyler, un cow-boy américain en voyage d’affaires pas claires à La Havane, et Amelia, la belle écuyère un peu  salope.

Elmore Leonard

s’offre une belle petite visite dans le temps, en revenant en fin de XIXe siècle, à Cuba, alors que l’Espagne et les États-Unis s’apprêtent à entrer en guerre. Celui que les cinéastes branchés comme Tarantino et Soderbergh ont adapté au grand écran nous entraîne dans un épique western d’aventures, avec Ben Tyler, un cow-boy américain en voyage d’affaires pas claires à La Havane, et Amelia, la belle écuyère un peu salope. Comme toile de fond à cette histoire d’amour fatal, la situation géopolitique, avec les très conquérants Espagnols, les démunis guerilleros cubains et les riches propriétaires américains qui profitent des deux. Et la marine de l’Oncle Sam qui veille.

Ben Tyler est venu d’Arizona, pour vendre des chevaux à Rollie Boudreaux, jeune Américain ambitieux qui fait fortune à Cuba. Cette transaction qui, ma foi, aurait pu n’être qu’une formalité, se complique rapidement. La veille, le USS Maine, un navire de guerre américain, a explosé dans le port de La Havane. La guerre est sur le point d’éclater. Et l’on suspecte Tyler de cacher sur son bateau des armes destinées aux guerilleros. Et à travers cette masse de testostérone apparaît la jeune lumineuse amazone Amelia Brown, aussi divine que diabolique, maîtresse officielle entretenue par Rollie Boudreaux. Un ange passe, et l’on s’accroche à ses ailes.

Entre le bar enfumé de l’hôtel chic de la capitale et les sentiers sauvages qui mènent au campement des rebelles cubains, Ben Tyler, petit délinquant du fin fond de l’Amérique, saisit à pleines mains la chance de devenir un héros que lui présente le destin. Même ses crimes, ses meurtres sont éthiquement justes, moraux. Lui qui n’était qu’un vulgaire truand se transforme en cow-boy plus grand que nature. Qui se bat pour des questions d’honneur, qui défend des principes. Son périple, à cheval, se veut un genre de parcours initiatique, au coeur de paysages luxuriants, confronté aux éléments. Bref, ce pourrait être très chiant, à la Disney, débordant de trop bons sentimets.

Mais non, c’est signé Elmore Leonard. Partout, c’est sale, ça pue. Un regard corrosif sur la société humaine et ses jeux de pouvoir. La perspective historique qui se dégage du roman nous éclaire autrement dans notre compréhension de la question cubaine, très médiatisée avec l’affaire Elian Gonzales.

Un exercice de style brillamment réussi, qui renouvelle le genre du western, avec une bonne dose d’exotisme et un gros sac de malices. On ne serait pas surpris de revoir Ben Tyler dans une toute nouvelle aventure à Cuba. Pour poursuivre la leçon d’histoire.

Éd. Rivages/Thriller, 308 p., 2000

Viva Cuba libre!
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