

d’Emmanuel Guibert : La Guerre d’Alan (volume 1)
Le Français Emmanuel Guibert avait trente ans lorsqu’il rencontra l’Américain Alan Ingram Cope qui, lui, en avait soixante-neuf. Durant leur amitié, qui devait prendre fin cinq ans plus tard, à la mort de ce dernier, le vieil homme racontait sa vie, un magnétophone dans les mains, et le jeune l’écoutait, intéressé notamment par l’épisode de la Seconde Guerre mondiale. De ces souvenirs, conservés sur de nombreuses cassettes, Guibert a réalisé un livre, une bande dessinée, bouleversant de sensibilité et de vérité.
Le scénario inspiré du récit de Cope garde la simplicité de l’oralité. Accompagnée de dialogues, la narration à la première personne s’attache parfois à des anecdotes, à des détails peu spectaculaires mais qui sont de ceux qui peuvent marquer une vie: une certaine conversation, une découverte, un accident, la rencontre brève d’une personne qu’on ne reverra plus. Le héros de Guibert est un optimiste et le récit ne sombre jamais dans le mélodramatique, restant descriptif, sur le mode de la réflexion. Ce qui n’empêche pas de percevoir la sensibilité du personnage lors de certains épisodes: la visite à sa grand-mère mourante durant une permission, la séparation d’avec son meilleur ami qui se retrouve dans un autre bataillon, sa joie lorsqu’il apprend, plusieurs années plus tard, que cet am n’est pas mort.