Rentrée livres : Pages horaire
À part le livre de Barcelo, le mois de janvier verra aussi la parution d’un second roman de Rachel Leclerc, qui nous donnait en 1995 le très beau Noces de sable…
Janvier
À part le livre de Barcelo, le mois de janvier verra aussi la parution d’un second roman de Rachel Leclerc, qui nous donnait en 1995 le très beau Noces de sable (Grand Prix Henri-Queffélec). Ruelle Océan (Boréal) raconte la vie d’un père et de sa fille, vivant à Montréal, en marge de la société. La poésie n’est jamais très loin chez Leclerc, qui a reçu plusieurs prix (Émile-Nelligan, 1991; Alain-Grandbois, 1994) pour ses recueils de poèmes, ses premières armes dans sa carrière d’écrivaine. Également en janvier, un autre roman, au titre moins joli que celui de Leclerc: Cette aveuglante absence de lumière (Seuil), signé Tahar Ben Jelloun, paraîtra au Seuil. Dans ce livre, l’Histoire forme la trame du récit, qui raconte la vie des prisonniers marocains de Tazmamar, sous Hassan II. Quand Ben Jelloun prend la plume pour revoir l’Histoire, il rate rarement sa cible.
La découverte de l’année en France et, surtout, aux États-Unis est sans nul doute Thomas Pynchon. Déclaré par Norman Mailer "le meilleur écrivain américain vivant", son Mason & Dixon (Seuil) est attendu, c’est peu dire. Ce roman historique raconte la vie de deux astronomes qui, en 1763, partent à l’aventure pour aller tracer une ligne est-ouest dans leur pays, celle-là même qui, plus tard, divisera les États-Unis.
Et puis, signalons la sortie d’un essai, Mort ou fif (Vlb) – j’avoue que je ne suis pas convaincue de la pertinence de ce titre… – , écrit par le sociologue Michel Dorais, tentera de lever le voile sur le suicide chez les garçons homosexuels.
Enfin, le Canadien Timothy Findley publiera une oeuvre intrigante, Pilgrim (Le Serpent à plumes), un roman ambitieux, sur la connaissance, l’art et la psychanalyse.
Février
À l’Hexagone, Jean Bédard, auteur de Maître Eckhart, roman qui connut un certain succès, lancera Nicolas de Cues (le 22)… Il s’agit encore d’un roman historique exposant la vie d’un cardinal qui, au début de la Renaissance, essaie de réconcilier les religions. Geneviève Robitaille, qui avait signé le très beau Chez moi il y a deux ans, fera paraître Mes jours sont vos heures (Triptyque), récit dédié à une petite fille, Marianne, qu’elle évoquait déjà dans son premier livre. Côté poésie, on attend au début du mois un recueil de Tony Tremblay, Des receleurs (Hexagone). Poète mais aussi conteur, Jean Désy publiera, lui, Le Coureur de froid (XYZ), court récit se déroulant dans le Nunavik. Un autre récit paraîtra également en février, celui d’Hélène Monette, Un jardin dans la nuit (Boréal). Puisqu’on est dans le genre, une nouvelle collection de récits voit le jour, dirigée par Aline Apostolska, qui donne la parole à des écrivains pour évoquer leurs "lieux de l’écriture". Pierre Samson y publie Alibi, le 14 (Leméac).
En février, l’on verra également paraître Liens sacrés (Rivages) de Denis Lehane, l’une des grandes découvertes dans le monde du polar américain. Lehane, qui avait signé l’excellent Ténèbres, prenez-moi la main, figure parmi les lectures favorites de Stephen King, et connaîtra certainement, cette année, un très grand succès.
Enfin, on annonce aussi la sortie de Se perdre, d’Annie Ernaux; et la venue du cinéaste Gus Van Sant (My Own Private Idaho, Good Will Hunting) en littérature. Il publie Pink (Hachette Littérature), un roman inspiré de sa vie, et des gens qu’il a connus dans son métier.
Mars
C’est en mars que paraîtra, dans une coédition Boréal/De l’Olivier (et dans une traduction de Lori Saint-Martin et Paul Gagné), un roman du Canadien Alistair MacLeod, Le Pays des arbres, écrivain qu’il faut découvrir. Autre romancière à lire absolument: Louise Dupré. Elle donnera un nouveau livre, La Voie lactée (XYZ), après le très beau Memoria, paru il y a quelques années. Mars sera aussi le temps de deux nouveaux romans prometteurs: Dolce Agonia (Actes Sud/Leméac), de Nancy Huston; et Amours en fuite, de Bernhard Schlink (Gallimard). Enfin, deux collègues de Voir font aussi leurs premiers pas dans le merveilleux monde de la littérature: Tristan Malavoy-Racine, avec son recueil de poésie L’Oil initial (Triptyque), et le critique Luc Boulanger, qui publie Pièces à conviction (Leméac), un livre d’entretiens avec Michel Tremblay, portant sur son théâtre, des Belles-Soeurs à aujourd’hui.
Quelques autres titres également nous font déjà de l’effet: ceux de Russel Banks, L’Ange sur le toit (Actes Sud), d’Alice Munro, L’Amour d’une honnête femme; d’Annie Proulx, Les Pieds dans la boue; et de James Ellroy, American Death Trip (tous trois chez Rivages). Enfin, un essai, Ce que nous disent les livres, d’Hector Bianciotti (Gallimard).
Avril
Grammaires de la création (Gallimard), un essai de George Steiner, sortira en avril, signé par un penseur méconnu et fort intéressant. Et, enfin, la prolifique Marie Laberge nous servira le deuxième tome de sa série Le Goût du bonheur: Adélaïde (Boréal).
Bien sûr, tout ceci n’est qu’un très bref aperçu!…
François Barcelo
J’enterre mon lapin
Sa production et sa verve sont intarissables. Impertinente, intelligente, l’oeuvre de François Barcelo est bourrée de personnages attachants, de situations cocasses, mais jamais gratuites. Bref, on adore Barcelo pour son plaisir évident à raconter des histoires sans prétention, sans grandiloquence. L’écrivain québécois fête cette année ses 20 ans de carrière littéraire (il était publicitaire avant de se consacrer uniquement à l’écriture) et il fera paraître, le 22 janvier, son 25e ouvrage: J’enterre mon lapin. Sur son site Internet (www.barcelo.ca.tc, allez-y, ça vaut le coup), Barcelo signale que ce titre est en fait une contrepèterie, et annonce que Sylvain Beausoleil, son héros, déficient intellectuel, fait un tas de fautes de français. Bien sûr, elles se retrouvent toutes dans son roman! Il faut François Barcelo pour nous jouer ce genre de tour, et on attend impatiemment la fin janvier pour rigoler, et réfléchir un bon coup. Chez Vlb.