Patrick Brisebois : Trépanés
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Patrick Brisebois : Trépanés

Certains voient en lui un héritier de Boris Vian et un acteur important de la relève littéraire; d’autres, un jeune auteur embourbé dans des thématiques nombrilistes n’ayant rien de bien nouveau. Il y a un an, Patrick Brisebois publiait Que jeunesse trépasse, un livre qui avait probablement autant de qualités que de défauts, ce qui n’est pas peu dire. Le romancier montréalais persiste et signe Trépanés, deuxième volet de sa trilogie dite  "sinistre".

Certains voient en lui un héritier de Boris Vian et un acteur important de la relève littéraire; d’autres, un jeune auteur embourbé dans des thématiques nombrilistes n’ayant rien de bien nouveau. Il y a un an, Patrick Brisebois publiait Que jeunesse trépasse, un livre qui avait probablement autant de qualités que de défauts, ce qui n’est pas peu dire. Le romancier montréalais persiste et signe Trépanés, deuxième volet de sa trilogie dite "sinistre".

Tout comme Irénée, le narrateur et personnage principal de Que jeunesse trépasse, Morvan Trépanier appartient à cette génération X que le roman québécois des années 90 a si souvent représentée. Poète incompris, partagé entre je-m’en-foutisme et appétit de vivre, il cherche désespérément sa place dans la société. Quand rien ne va plus, sa déprime prend des accents noirs, très noirs. "À présent, dans notre beau pays, la vie nous échappera. Toutes les fleurs qu’on achètera pour nos blondes seront déjà fanées entre nos mains. Nos enfants s’amuseront en tuant d’autres enfants. […] Y aura jamais plus de prochaines générations, mais juste de grosses larves devant leur écran cathodique."

D’ici là, Morvan croit en l’amour. Son coeur balance entre Annonciade Trepalovitch, une adepte de théories nihilistes qui flirte avec l’idéologie néonazie, et la pétulante Fabia, soeur de l’autre, qui lui promet de folles aventures grâce aux "bonbons de Münchhausen", psychotropes dont elle a une belle provision. En visite au Festival de la poésie de Trois-Rivières, par exemple, les amants défoncés foutront un joyeux bordel. Après avoir écorché, au figuré, Christian Mistral et Stéphane Bourguignon, Morvan tabassera, au propre cette fois, quelques illustres poètes dont Claude Beausoleil.

Roman d’amour, critique du milieu littéraire, cri suicidaire, Trépanés comporte aussi une dimension occulte. En effet, le père des deux soeurs Trepalovitch, mort et enterré, s’emparera de l’esprit de Morvan afin de régler ses comptes avec Fabia, qui l’aurait laissé mourir. Vous l’avez deviné, tout est en place pour une fin digne de la tragédie shakespearienne.

Bien qu’il ait allégé son style des effets faciles de Que jeunesse trépasse, Brisebois ne résiste pas toujours à la tentation du calembour ou du cabotinage à la Ducharme ("kesskisspass?"). Ailleurs, pourtant, on goûtera un sens aigu de la phrase, de la formule percutante. En ce qui me concerne, je le répète, je vois en Brisebois l’arrivée d’un écrivain authentique et intelligent, dont j’espère qu’il saura marier encore davantage imaginaire foisonnant et rigueur.

Éd. de l’Effet pourpre, 2000, 200 p.

Trépanés
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Patrick Brisebois
Le Quartanier