Jacques Rousseau : La science des livres et des voyages
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Jacques Rousseau : La science des livres et des voyages

Les Éditions XYZ ont conçu cette collection de récits biographiques qui a le grand mérite de nous apprendre notre histoire. Ces récits, souvent signés par des journalistes, sont bien vulgarisés et permettent que n’importe qui et son grand-père puissent en profiter.

Les Éditions XYZ ont conçu cette collection de récits biographiques qui a le grand mérite de nous apprendre notre histoire. Ces récits, souvent signés par des journalistes, sont bien vulgarisés et permettent que n’importe qui et son grand-père puissent en profiter.

Après Casavant, Laure Conan, Ouimet, Camillien Houde et d’autres, voici un livre consacré à Jacques Rousseau, cofondateur du Jardin botanique, secrétaire de l’ACFAS (Association canadienne-française pour l’avancement des sciences), généticien, explorateur, bref, homme de science, et… patriote.

En effet, le rôle de Rousseau dans l’évolution des sciences au Québec a été important; non seulement était-il partisan de la vulgarisation scientifique, mais il a surtout été un ardent défenseur du français dans ce domaine encore aujourd’hui avalé par la langue anglaise. Il faut dire que Rousseau, né en 1905, brûlait d’une flamme peu entretenue par le milieu canadien-français, plutôt anti-intellectuel; climat frileux créé en partie par le clergé, pour qui Darwin a longtemps représenté une manière de diable…

Mais ce n’est pas une excuse! aurait dit Rousseau. À son avis, il fallait absolument que le Québec se dote d’une élite scientifique et donne aux jeunes et au grand public le goût de se passionner pour la science, le savoir en général.

Qui plus est, Rousseau aimait, lui, la botanique, les sciences naturelles, un penchant guère valorisé par la société qui préfère des hommes "virils" et productifs! Courir après des papillons… a-t-on vu passe-temps plus insignifiant? Les auteurs illustrent bien cette méfiance, un autre élément de l’anti-intellectualisme qui régnait alors.

Portrait également du climat sociopolitique de l’époque: "Le mépris des Canadians avait toujours réservé un simple strapontin aux rares Canadiens français "qu’il fallait bien admettre, n’est-ce pas?" Ce strapontin, c’était la Section des lettres. Marie-Victorin avait dû s’en contenter, mais son geste avait fait du bruit. Jacques Rousseau en attrape des bribes – assez pour comprendre que son avenir se trouve du côté de Marie-Victorin."

C’est avec ce dernier qu’il travailla de longues années, alors que le frère rebelle fondait l’ACFAS, en 1923, avec Léo Pariseau et Édouard Montpetit. Rousseau contribua à la rédaction de La Flore laurentienne, qui devait paraître en 1935.

Passons sur tout ce qu’aura accompli Rousseau, avant de mourir en 1970, lui qui aura stimulé la vie intellectuelle, affronté plusieurs controverses sur le financement de l’éducation et des sciences, etc. Évidemment, le monsieur avait tout un caractère, et se brouilla avec bien du monde, mais il faut du tempérament pour changer le monde. Les auteurs Pierre Couture (journaliste) et Camille Laverdière (ex-prof de géographie physique, explorateur) mettent bien en relief l’esprit du personnage en évoquant ses contradictions mais aussi son grand courage. En effet, l’homme aura parcouru des milliers de kilomètres, notamment dans le Grand Nord. "Marcheur infatigable et explorateur insatiable, Jacques Rousseau veut s’attaquer à cet espace qu’il peut, sur un plan scientifique, considérer comme vierge ou à peu près. (…) Pour explorer ce vaste lac, il prend des risques importants, car il veut se rendre en des endroits plus ou moins connus des guides indiens eux-mêmes."

Qui a dit que l’on manquait de modèles?

Éd. XYZ, coll. Les Grandes Figures, 2000, 175 p.

Jacques Rousseau
Jacques Rousseau
Pierre Couture / Camille Laverdière