Caillou, calcul / Il arrive que le ciel te console : L'odysée de l'espace
Livres

Caillou, calcul / Il arrive que le ciel te console : L’odysée de l’espace

"L’univers a autant de centres qu’il contient d’êtres vivants", écrivait un jour Jovette Marchessault. La phrase introduit bien les plus récents recueils de Dominique Robert et Michel Pleau, deux poètes qui, tout en montrant que chacun n’est que grain de sable dans l’univers, donnent à voir tout l’espace qui habite l’individu.

"L’univers a autant de centres qu’il contient d’êtres vivants", écrivait un jour Jovette Marchessault. La phrase introduit bien les plus récents recueils de Dominique Robert et Michel Pleau, deux poètes qui, tout en montrant que chacun n’est que grain de sable dans l’univers, donnent à voir tout l’espace qui habite l’individu.

La première, dont il faudrait parler plus souvent, signe un quatrième recueil fort achevé. Caillou, Calcul, sur un ton "mine de rien" propre à l’auteure, pousse loin l’éloquence. Témoignant du calme profond de la matière et de l’équilibre infini du cosmos, elle crée un contraste saisissant entre le tumulte de sa vie et les apaisantes beautés qui l’entourent. Son coeur, territoire que se disputent le soleil et les ténèbres, oscille entre frayeur et ivresse: "Autrement dit, le soleil se trouble / Parce que j’ai peur de lui / Je me couvre le visage de poussière / Mais mon corps est rempli de soleil comme une fente".

Dans ce langage où le règne minéral occupe une place prépondérante, les métaux précieux évoquent les beautés intérieures, dont on sait qu’elles existent mais qu’il faut parfois longtemps chercher. L’importance de la pierre, dans Caillou, Calcul, n’empêche pas l’auteure de manipuler les mots avec un je-ne-sais-quoi de charnel, à la limite de l’érotique, et qui confère à l’ensemble une étonnante sensualité.

Michel Pleau, qui partage avec Dominique Robert un parti pris pour la sobriété, s’applique lui aussi à refléter l’équilibre à la fois puissant et fragile de l’univers. Il arrive que le ciel te console, recueil fait de poèmes brefs, traite des rapports entre infiniment grand et infiniment petit pour exprimer la genèse des équilibres, qui prennent source, chez l’homme, dans l’enfance: "nul soleil ne culmine plus haut que l’enfance / lointain minéral des premiers pas / tu te défais dans la durée / la lumière se cherche / un domaine clandestin".

Écrits au tu, ces textes mettent dans la balance ce que la vie nous donne et ce qu’elle nous reprend. Le soleil fait croître ou bien engendre des cendres, qui symbolisent moins la mort que de possibles recommencements.

Des recueils aussi courts ont parfois les défauts de leurs qualités. La concision les préserve des longueurs et de l’essoufflement, mais l’ensemble paraît frêle. Or, chez ces deux poètes, il n’en fallait pas davantage pour dire beaucoup.

Caillou, Calcul, de Dominique Robert
Éd. Les Herbes rouges, 2000, 60 p.
Il arrive que le ciel te console, de Michel Pleau
Éd. Le Loup de Gouttière, 2000, 54 p.

Caillou, Calcul / Il arrive que le ciel te console
Caillou, Calcul / Il arrive que le ciel te console
Domonique Robert / Michel Pleau