Marie Gray : Rougir de plus belle

Elle a 38 ans, elle est née à Laval; et, depuis la parution de son premier tome de nouvelles, Histoires à faire rougir, en 1994, Marie Gray s’est taillé une place confortable dans le petit cheptel de la littérature érotique. Plus de 100 000 exemplaires ont été vendus de son premier titre et des deux autres suivants: Nouvelles histoires à faire rougir (1996), et Histoires à faire rougir davantage (1998). Cette fois, elle nous arrive avec Rougir de plus belle, un recueil de dix nouvelles qui racontent, pour le plaisir, les trucs durs et les muches mouillées et les autres délicieuses choses de l’amour…

Alors que plusieurs auteurs de littérature érotique semblent user de l’écriture un peu comme d’un préservatif, parce qu’il le faut bien, Marie Gray montre sans doute possible qu’elle aime le matériau qui lui permet d’arriver à ses fins. Titilller le lecteur: oui. Mais pas en le laissant mariner page après page dans un univers au ras du bonbon…

D’une nouvelle à l’autre, Marie Gray plonge les lecteurs dans un univers adroitement circonscrit, avec des personnages bien dessinés, précisément situés dans l’espace et le temps, et qui jouent leur rôle avec tout ce qu’il faut de panache… Dans la dernière nouvelle du recueil, Un cadeau du ciel, deux partenaires de longue date profitent de la peur qui les tenaille, lors de la tempête de verglas, pour surmonter la panne de désir qui les accablait. Sous la menace de l’effondrement du toit de leur maison, dans le craquement des branches et la chute des stalactites, les deux amants se réfugient l’un dans l’autre, muets, passionnés. De quoi nous faire prier que le ciel se déchaîne encore comme ça…

Les fantasmes mis en scène dans Rougir de plus belle sont ceux que l’on retrouve assez généralement en littérature érotique: faire l’amour avec un inconnu, ou dans un lieu public; se soumettre aux ordres d’un partenaire; ou faire l’amour à trois, etc. Ce qui est bien, avec Marie Gray, c’est qu’elle parvient à leur donner un petit cachet singulier, et à les clore sur un bon punch. Ce qui n’est pas rien, en littérature érotique, où ça finit plus souvent qu’autrement comme vous savez.

Guy Saint-Jean éditeur, 2001, 167 p.