Maryse Pelletier : L'Odeur des pivoines
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Maryse Pelletier : L’Odeur des pivoines

Maryse Pelletier , comédienne et écrivaine connue principalement comme auteure dramaturge (en particulier pour ses pièces Du poil aux pattes comme les kwacs, et Duo pour voix obstinées, le Prix du Gouverneur général 1986), jette, dans L’Odeur des pivoines, un regard extrêmement sensible sur la vie de couple, grâce à une série de scènes qui, sans être ordinaires, n’en sont pas moins crédibles.

Le monde bouge tant qu’il n’y a peut-être guère que les créateurs, désormais, qui parviennent encore, tels des geôliers, à immobiliser l’être humain. En lieu d’une ration de nourriture, les écrivains, les cinéastes et les dramaturges distribuent à leurs créatures une occasion d’oser l’authenticité… C’est ce que fait Maryse Pelletier dans son nouveau roman, forçant huit personnes, dont deux couples, à la cohabitation, durant deux jours et deux nuits.

Maryse Pelletier, comédienne et écrivaine connue principalement comme auteure dramaturge (en particulier pour ses pièces Du poil aux pattes comme les kwacs, et Duo pour voix obstinées, le Prix du Gouverneur général 1986), jette, dans L’Odeur des pivoines, un regard extrêmement sensible sur la vie de couple, grâce à une série de scènes qui, sans être ordinaires, n’en sont pas moins crédibles.

L’auteure, qui connaît bien de par son travail (et du fait qu’elle a jadis été la compagne de vie d’Albert Millaire) le milieu du théâtre québécois, a donné le grand rôle à celui qu’elle appelle Romain: un comédien et metteur en scène extrêmement talentueux, cultivé, aimé, tombeur impénitent, et pour qui l’existence n’est rien si elle n’est pas fracassante. C’est pourquoi Romain aime recevoir ses amis, souvent, et à grands frais, comme il le fait ce soir-là malgré la tempête. Et c’est pourquoi il dit et fait tout ce qui lui passe par la tête, les sensibleries de ceux qui se laissent victimiser le laissant, au pire, dégoûté, au mieux, de glace. Céline, l’épouse de Romain, sera la première parmi le groupe de m’as-tu-vu et de bonnes gens réunis dans leur demeure à tomber sous les plombs. Et bientôt, à la faveur de la nuit, ça se mettra à gronder dans les placards où chacun enferme les fantômes de ses relations avec l’autre sexe. Partir ou rester? Quand on est immobilisé, cela ne se fait pas sans mal.

La littérature, comme le cinéma, et, à plus forte raison le théâtre, où l’espace de la scène semble concourir par essence à la promiscuité, continueront sans doute de mettre en scène des huis clos, régénérants ou dévastateurs, d’une fine complexité, ou sombrant dans l’embrouillamini. Ou, comme ici, qui sonneront simplement très juste.

Éd. La courte échelle, 2000, 172 p.

L'Odeur des pivoines
L’Odeur des pivoines
Maryse Pelletier