Michel Désautels : La semaine prochaine, je veux mourir
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Michel Désautels : La semaine prochaine, je veux mourir

Ce n’était pas qu’une toquade. Michel Désautels poursuit l’aventure littéraire en signant un deuxième roman fort éloigné du milieu olympique décrit et décrié dans Smiley (prix Robert-Cliche 1998). L’animateur bien connu raconte cette fois l’histoire d’un homme de quatre-vingt-quatre ans dont la mémoire est grignotée par la maladie d’Alzheimer.

Ce n’était pas qu’une toquade. Michel Désautels poursuit l’aventure littéraire en signant un deuxième roman fort éloigné du milieu olympique décrit et décrié dans Smiley (prix Robert-Cliche 1998). L’animateur bien connu raconte cette fois l’histoire d’un homme de quatre-vingt-quatre ans dont la mémoire est grignotée par la maladie d’Alzheimer.

Hector Maurice n’est plus l’homme d’affaires habile et fringant qu’il a déjà été. Depuis quelque temps, sa tête se détraque, sa mémoire fuit. Entre deux gouffres de confusion, il surnage, profitant de la lucidité retrouvée pour organiser les repères qui lui restent. Dans son appartement du Vieux-Montréal, il fait le projet de trier ses photos et papiers, traces de ce qu’a été sa vie, suscitant dans son esprit des flash-back et des rêves décousus. "Il voyait son espace comme un grand puzzle à reconstituer pour créer un décor qui lui soit familier. Chaque élément aurait dû donner un sens au suivant ou être expliqué par le précédent, il le savait, mais il n’en trouvait pas les clés."

S’il ne reconnaît à peu près plus personne sur les photos, une lumière nouvelle éclaire les bribes de vie qui ont gardé leur signification. La mémoire d’Hector, filet aux mailles de moins en moins serrées, semble ne retenir que l’essentiel. Il revit les moments marquants de l’entreprise dont il a été propriétaire, la prospère Pavages Toro; il revoit sa femme, morte vingt ans plus tôt, celle qu’il n’a jamais aimée autant que mademoiselle Leblond, sa maîtresse.

On pourrait croire cette histoire triste à mourir, d’autant que l’auteur l’a coiffée d’un titre funeste. Or on sourit autant qu’on pleure, ici. Hector Maurice conserve un moral de fer, et l’Alzheimer n’a pas atteint le sens de l’humour mordant qui est le sien. On s’amuse de son amitié naissante avec Le Marcheur, un habitué de l’Accueil Bonneau qui comprend mal pourquoi ce bourgeois le prend en affection. On s’émeut des soins que lui prodigue Luba, jeune et jolie serveuse du Tug, un pub où Hector a ses habitudes. Cette dernière va l’épauler dans la cérémonie des adieux qui commence.

Ode à la tolérance et à la compassion, ce roman montre que Michel Désautels peut donner dans un registre infiniment plus sensible que celui de Smiley. L’auteur, malgré quelques enflures de style, parvient à donner corps à cet Hector Maurice, à nous faire vivre avec empathie le dernier tour de piste d’un homme qui refuse de perdre sa dignité.

Éd. VLB, 2000, 224 p.

La semaine prochaine, je veux mourir
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Michel Désautels