Pourquoi en finir avec la : féminisation linguistique
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Pourquoi en finir avec la : féminisation linguistique

Pourquoi en finir avec la féminisation linguistique , de Louise-L. Larivière, est loin d’être le seul ouvrage dans lequel on s’interroge sur le peu de place que la langue française laisse au féminin. Sauf que, pour une rare fois, l’argumentation se fait vraiment concluante.

Pourquoi en finir avec la féminisation linguistique ou à la recherche des mots perdus.

La langue est l’ultime bastion du sexisme au sein des communautés francophones. Dans la société en général, les femmes n’occupent évidemment pas encore toutes les places qui devraient leur revenir, et l’égalité des droits et des salaires reste certes à parfaire. Mais mis à part quelques idiots, il ne se trouve à peu près plus personne pour nier aux femmes leur droit de faire entendre leur voix. Pourtant, dès qu’il s’agit de mettre le féminin et le masculin sur un pied d’égalité grammatical, c’est le tollé!

Pourquoi en finir avec la féminisation linguistique, de Louise-L. Larivière, est loin d’être le seul ouvrage dans lequel on s’interroge sur le peu de place que la langue française laisse au féminin. Sauf que, pour une rare fois, l’argumentation se fait vraiment concluante: on referme le bouquin convaincu de la pertinence de la féminisation non seulement des titres et fonctions, mais de la langue française dans son entier!

Larivière analyse l’ensemble des phénomènes qui semblent faire obstacle à une féminisation systématique du vocabulaire de la langue française. Elle se penche sur le fait que le féminin de certains mots introduise un glissement de sens pour le moins insidieux : comment féminiser le mot entraîneur, par exemple, quand le mot entraîneuse désigne une quasi-prostituée! Elle explore le problème posé par les noms de métiers dont le féminin désigne un objet lié à ce métier: jardinier / jardinière. Et elle étudie aussi l’incohérence de la règle grammaticale voulant que "le masculin l’emporte", ce qui conduit à des énoncés absurdes du genre: "Diane, Pascale, Ginette et Richard sont… beaux"!

Grâce à une démonstration fondée sur un grand nombre d’exemples concrets, Pourquoi en finir avec la féminisation linguistique parvient à nous convaincre que tous ces problèmes peuvent être assez aisément contournés, et qu’il n’existe, dans les faits, qu’un seul obstacle réel à la féminisation de la langue française: certains hommes. Comme ce Jacques Toubon, membre du gouvernement français qui, en réaction à une proposition visant à remplacer la formule "droits de l’homme" par celle de "droits de la personne", s’est écrié: "C’est du canadien, du québécois, du langage des Nations unies, du "politiquement correct", mais ce n’est pas du français!"

Pourquoi en finir avec la féminisation linguistique permet de comprendre une fois pour toutes que les femmes ont raison de se sentir exclues de la langue française. Et que c’est là une raison parfaitement suffisante pour qu’elles fassent en sorte d’y occuper plus de place. Éd. Boréal, 2000, 149 p.

Pourquoi en finir avec la féminisation linguistique
Pourquoi en finir avec la féminisation linguistique
Louise-L. Larivière