

Colère : Denis Marquet
Denis Marquet est philosophe, et tient un cabinet de consultation pour aider ses "patients" à trouver un sens à leur vie. À 36 ans, il a décidé de prendre les grands moyens. Ses clients lui donnent-ils trop de fil à retordre? Toujours est-il qu’il assène un gros coup de brique avec ce thriller écologique, dramatique et touffu à souhait… Colère.
Pascale Navarro
Denis Marquet est philosophe, et tient un cabinet de consultation pour aider ses "patients" à trouver un sens à leur vie. À 36 ans, il a décidé de prendre les grands moyens. Ses clients lui donnent-ils trop de fil à retordre? Toujours est-il qu’il assène un gros coup de brique avec ce thriller écologique, dramatique et touffu à souhait… Colère.
Aux États-Unis, des phénomènes étranges se multiplient. Par exemple, on n’entend plus les sons familiers dans les campagnes. "Les insectes volants, mouches, moucherons, moustiques, guêpes, abeilles, frelons, qui découpaient l’air du matin de leur sillon de vitesse pure étaient tellement habituels qu’on ne les remarquait plus. Mais ce matin… Ce matin, l’air était vide, et le silence, en l’absence de bourdonnements, de chants d’oiseaux, le silence où ne se découpaient plus que des voix d’humains devenait soudain pesant…"
Les chiens ne gambadent plus dans les quartiers, et la mer se met à reculer et tourbillonner sur les côtes des Carolines. En Virginie, des secousses sismiques sèment l’inquiétude. Bref, c’est la catastrophe.
Kenneth, un journaliste chevronné, découvre un matin qu’une petite ville a littéralement disparu de la carte. Après avoir douté de sa santé mentale, l’homme se met à craindre le pire. "Kenneth sentait une brume envahir son cerveau, contre laquelle il était dur de lutter. C’était un rêve, pensa-t-il, un de ces rêves idiots… Il se baissa pour ramasser ses jumelles (…), les pointa sur la vallée. Un espèce de marron flou envahit son oeil, sa main tremblait, il mit du temps à faire la mise au point. Puis le marron prit consistance, c’était bien comme de la terre, une terre épaisse et granuleuse, plus sombre qu’il ne lui avait d’abord semblé (…). En dehors du fait qu’une ville avait disparu, avec ses quelques milliers d’habitants, rien ne semblait anormal. Tout était désert."
Le journaliste appelle son grand ami à son secours et lui donne rendez-vous dans une cabane isolée, inconnue de tous. Leur ultime refuge. Il devra le mettre au courant de cette disparition, si on lui en laisse le temps…
C’est à une véritable course contre la montre que se livrent les personnages de ce roman pour parvenir à éviter que le monde ne sombre dans un grand trou noir. C’est que la Terre, exploitée, vidée, asséchée, torturée, empoisonnée, a décidé de se venger, et de mettre toutes ses forces et ses richesses au service de sa suprême vengeance. Les éléments se déchaînent, les vents détruisent tout, les tremblements de terre, raz-de-marée, cyclones et éruptions volcaniques menacent de faire de l’humanité une espèce en voie d’extinction.
Mais, comme dans toute histoire d’apocalypse, il y aura un sauveur. Et puisque nous vivons toujours dans une société judéo-chrétienne, c’est une certaine Mary qui sauvera le monde. Anthropologue, elle visite les Yanomamis d’Amazonie, quand le pire se produit et qu’éclatent les plus forts orages emportant l’avion dans lequel elle se trouve. Toutefois elle aura appris d’un chaman à déchiffrer les visions qui l’assaillent, et à percevoir ses propres pouvoirs.
Le livre de Marquet est loin d’être subtil. Cependant, il arrive sur les rayons alors que vient de paraître en février un rapport remis par le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (pour le compte de l’ONU) dont les conclusions donnent froid dans le dos. Certes, l’auteur de Colère fait dans le mélo, mais le réchauffement de la Terre inquiète tout le monde et souhaitons que la fiction ne devienne jamais triste réalité.
Éd. Albin Michel, 2001, 518 p.