Gare Belle-Étoile : Sylvie Grégoire
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Gare Belle-Étoile : Sylvie Grégoire

Il y a ce qu’on appelle en anglais les feel good movies: ces histoires généralement assez simples où triomphe la morale, sapant au spectateur les mauvais sentiments qui l’habitent. Bon. Il y a la même chose en littérature. Et le chef de file des romans-bonheur, qui arrivent tout de même moins souvent que les films sur les tablettes, est sans doute Le Petit Prince. Le premier roman de Sylvie Grégoire, Gare Belle-Étoile, est de la même veine.

Il y a ce qu’on appelle en anglais les feel good movies: ces histoires généralement assez simples où triomphe la morale, sapant au spectateur chaque once des mauvais sentiments qui l’habitent, et le laissant désespérément forcé d’admettre que ce qui est bien est bien. Bon. Il y a la même chose en littérature. Et le chef de file des romans-bonheur, qui arrivent tout de même moins souvent que les films sur les tablettes, est sans doute Le Petit Prince. À en juger par l’inaltérable popularité du livre, il y aura toujours un public pour ça.

Le premier roman de Sylvie Grégoire, Gare Belle-Étoile, est de la même veine. Et si l’on n’est pas nécessairement lecteur à être emballé par ce genre de preuve par trois que le pardon, l’amitié et l’authenticité aident à vivre mieux, on peut au moins applaudir le fait que madame Grégoire fait son entrée dans le domaine de la littérature avec une voix qu’on n’entend pas si fréquemment.

Un peu comme Saint-Ex, quoique à bien moindre degré, la nouvelle romancière a le symbole assez heureux, et les petits relents d’absurde ne l’effraient pas. Ainsi, Gare Belle-Étoile débute quasiment comme un roman venu d’une autre époque. On pense à l’oeuvre de Germaine Guèvremont: un homme arrive, qui a l’air d’un étranger, et qu’on appelle ici non pas le Survenant, mais le Revenant. L’atmosphère est étrange, et on ne serait pas surpris de voir l’étranger se transformer en diable et entraîner la narratrice dans une course en canot dans le ciel! Ce n’est pas tout à fait la chasse-galerie qui nous attend, mais il y a certes quelque chose de l’ordre du conte dans ce livre.

Les démons que doit affronter la narratrice sont résolument en elle. Avec cet étrange ami qui rentre dans sa vie, elle retournera sur les traces du passé. Et malgré l’adversité, qui prend ici les traits d’un chien-loup avec une meute d’hommes à ses trousses, elle retrouvera ceux qui l’ont jadis offensée. Puis elle leur pardonnera. "Parce que ne pas pardonner, c’est comme porter des pierres à bout de bras, comme ça, pour rien, sans plus trop savoir, et ce, jour après jour. Mais pardonner, c’est être libre." Eh bien oui. Force est d’admettre…

Éd. XYZ, 2000, 153 p.

Gare Belle-Étoile
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Sylvie Grégoire