Les Amériques : (Isaac le Pirate, volume 1)
Depuis son premier album, Carnet d’un matelot, et jusqu’à son récent Réducteur de vitesse (un chef-d’oeuvre de la bande dessinée contemporaine), Christophe Blain apparaît comme un érudit et un passionné de la marine de toutes les époques.
Depuis son premier album, Carnet d’un matelot, et jusqu’à son récent Réducteur de vitesse (un chef-d’oeuvre de la bande dessinée contemporaine), Christophe Blain apparaît comme un érudit et un passionné de la marine de toutes les époques. Avec Isaac le Pirate, le bédéiste français propose une première série lui permettant d’exploiter ce thème sous la forme d’un récit d’aventures très dix-septième siècle. Il y joint son habituel humour et un héros romantique des plus attachants.
Peintre, juif et pauvre, Isaac Sofer est, comme son auteur, passionné de la chose maritime. Ayant étudié un nombre incalculable de livres, de peintures et de gravures sur le sujet, il sait "reconnaître un brick, un sloop ou une frégate du premier coup d’oeil", même s’il n’a jamais navigué; et il caresse le rêve de peindre un jour de grandes séries navales. Un heureux sort pousse Jean Mainbasse, capitaine d’un bateau battant pavillon noir, à vouloir faire appel à ses services. Isaac se joint à son équipage dont il réalisera des portraits et peindra tant les aventures que les manoeuvres quotidiennes. Observateur discret, le héros exercera, sans le savoir, une subtile influence sur le chef des pirates dont les activités perdront en violence ce qu’elles gagneront en compassion.
En alternance avec ce récit principal, on suit avec un égal plaisir l’histoire d’Alice, la fiancée, qu’Isaac doit temporairement abandonner dans la capitale. Femme de tête, passionnée d’ethnologie, fréquentant de vieux savants pour avoir accès à leurs bibliothèques, elle ne reste pas à se morfondre dans l’attente de son homme, s’intéressant tour à tour à la tribu des Mauis-Mauis et aux peuplades d’Afrique orientale. Ayant fait la rencontre d’un aristocrate explorateur, qui partage son goût pour les récits de voyage, elle devient sa servante puis sa secrétaire.
Isaac le Pirate paraît dans la collection Poisson Pilote que le géant Dargaud a récemment créée pour occuper le terrain de plus en plus intéressant de la bande dessinée d’auteur. S’il y a eu jusqu’à présent du pire et du meilleur dans Poisson Pilote, le cycle prometteur de Blain fait assurément partie de la seconde catégorie. Le scénario, étonnant d’originalité, y contribue, sans compter son trait fin et son style naïf relevés par les couleurs claires de Walter et Yuka. Tout pour faire rêver des expéditions exotiques de ce temps où il restait encore des mondes à découvrir.
Éd. Dargaud, coll. Poisson Pilote, 2001, 48 p.