Moins tonitruant que Rue Pétrole-Océan, son ouvre précédente, le troisième recueil de Tony Tremblay dépeint les territoires intérieurs d’un écrivain conscient de sa vulnérabilité. Celui qui remportait le prix Émile-Nelligan en 1998 questionne ici les certitudes sur lesquelles s’échafaudent nos vies. Entre deux poèmes d’amour fou, le poète exprime une crise du langage, le sien, doutant soudainement du pouvoir des mots et de la poésie. Dans un monde où le sens des mots est souvent perverti, il lui apparaît vital d’esquisser un ailleurs, un lieu secret où quiconque ne saurait altérer le langage – d’où le titre, qui évoque la langue intime et pure du poète. Parole infiniment personnelle, voire indéchiffrable, que laissent entrevoir les derniers textes, écrits dans une langue inventée. Un recueil envoûtant, très achevé.
Éd. de l’Hexagone, 2001, 64 p.
Des receleurs
Tristan Malavoy-Racine