Pan Bouyoucas : L'Autre
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Pan Bouyoucas : L’Autre

Libanais de naissance mais grec d’origine et d’histoire, Pan Bouyoucas est arrivé au Québec en 1963, à l’âge de 16 ans.

Libanais de naissance mais grec d’origine et d’histoire, Pan Bouyoucas est arrivé au Québec en 1963, à l’âge de 16 ans.

Loué soit le ciel qu’on ne l’ait ensuite que temporairement perdu aux mains des Anglais! Et ce, avec des conséquences qui sont à des lieues de ce qu’il fait endurer au jeune héros de son dernier roman sur l’île de Léros où, à la suite de bombardements dévastateurs lors de la Seconde Guerre, le territoire grec fut pris par les Britanniques (pour la petite histoire: l’île reviendra à la Grèce en 1948).

Bouyoucas, qui a fait ses classes à Concordia en cinéma, aura été critique de cinéma et traducteur, avant d’amorcer une oeuvre, en français, qui compte maintenant des pièces de théâtre, des nouvelles, des polars, et puis ce cinquième roman, intitulé L’Autre, publié dans la nouvelle maison Les Allusifs, que dirige Brigitte Bouchard, celle qui fait court et bien.

Rien d’inutile avec L’Autre. Même si le format compte sûrement pour un petit quelque chose dans la réussite du texte, on y trouve des qualités qui appartiennent peut-être davantage à ce qu’on appelle la maturité. Ni fioritures ni à-peu-près, Bouyoucas va droit au but, sans sacrifier la beauté de son style narratif.

C’est donc l’été de 1943 sur l’île de Léros, dans l’archipel du Dodécanèse. Dans le port de pêche, un gamin n’en peut plus d’attendre d’avoir ses 16 ans pour s’embarquer à son tour, devenir marin parmi les marins, comme dans tous les contes de bord de mer. Mais la terre tremble sous les bombes, et rien n’arrive de ce qui pouvait rendre Thomas heureux. C’est même pire: dès qu’il se laisse aller au désir, d’abord le désir du large, puis celui des bras d’une femme, et même celui d’un peu de nourriture, quand c’est tout ce qu’il lui reste à espérer, un nouveau malheur s’abat sur lui. Alors il deviendra un pauvre raccommodeur de filets de pêche, et il divaguera sur ce qu’aurait pu être sa vie, si le destin avait été plus fin décideur.

Bouyoucas introduira un revirement intéressant dans l’histoire, puis le tout finira un peu en queue de gentil poisson. C’est le prix qu’il fallait payer, semble-t-il, pour que l’histoire de Thomas ne s’enlise pas indéfiniment dans le malheur et que le conte finisse, comme il se doit: bien.

Éd. Les Allusifs, 2001, 102 p.

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