Mort ou fif : Vivre sa vie
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Mort ou fif : Vivre sa vie

Disons-le tout de go: cet ouvrage devrait être au programme de toutes les écoles secondaires au Québec! Avec Mort ou fif, la face cachée du suicide chez les garçons, le professeur et chercheur Michel Dorais nous dévoile la triste réalité des jeunes homosexuels au Québec.

Disons-le tout de go: cet ouvrage devrait être au programme de toutes les écoles secondaires au Québec! Avec Mort ou fif, la face cachée du suicide chez les garçons, le professeur et chercheur Michel Dorais nous dévoile la triste réalité des jeunes homosexuels au Québec. Et, selon lui, le double tabou du suicide et de l’homosexualité en milieu scolaire est, en partie, responsable d’un bien triste constat.

On le savait depuis l’affaire Pinard, le taux de suicide est beaucoup plus élevé chez les jeunes gais que chez les hétérosexuels du même groupe d’âge. Des statistiques? Une étude démontre que de jeunes hommes de 13 à 18 ans se déclarant homosexuels rapportaient avoir sept fois plus souvent tenté d’en finir que des gars hétéros du même âge! Une autre étude estime que 28 % des répondants gais ou bisexuels ont songé au suicide comparativement à 4,2 chez les hommes hétéros.

Une fois le constat de ces conduites suicidaires dressé, l’auteur nous en expose les motifs et en explique le contexte. C’est la partie des témoignages qui est la plus troublante dans Mort ou fif. Si l’école semble toujours réfractaire à reconnaître la violence de l’homophobie, explique Michel Dorais, elle n’aide pas à ce que les choses s’améliorent dans le milieu du travail. Certaines émissions (comme Piment fort) véhiculent aussi des préjugés et des stéréotypes sur les hommes gais, contribuant ainsi à perpétuer ces préjugés.

"À la job, raconte un interviewé, les gars se traitaient de tapettes entre eux. Je pensais qu’ils parlaient de moi. Un jour, j’ai vu que j’avais raison de craindre. Il y en a un qui a dit en me regardant: »Elle a oublié de mettre sa jupe à matin! » À partir de là, ça n’a pas dérougi. Si je me fâchais, ils disaient que j’étais dans mes périodes de menstruations…"

Et cet autre témoignage d’un homme gai dans le placard: "Je me sentais comme un déchet humain parce que j’étais gai. J’aurais préféré dire que j’avais le sida plutôt que de dire que j’étais gai, parce que le sida, les hétéros peuvent l’attraper. J’associais l’homosexualité à une maladie, et je considérais que le sida était une maladie plus acceptable…"

Mort ou fif prouve donc, si besoin est, que l’homophobie est un grave problème de société. Et qu’il faut réagir pour sauver de jeunes vies.

Vlb éditeur, 110 p.