Prague, hier et toujours : Tecia Werbowski
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Prague, hier et toujours : Tecia Werbowski

C’est un récit court, tournant comme en orbite autour de quelques épisodes immensément touchants. Dans Prague, hier et toujours, la romancière polonaise Tecia Werbowski nous raconte l’histoire de Lena Lewicki, aujourd’hui une femme d’âge mûr, qui, comme chaque année, quitte Montréal pour aller passer quelque temps dans la ville qui l’a vue grandir, Prague.

C’est un récit court, tournant comme en orbite autour de quelques épisodes immensément touchants. Dans Prague, hier et toujours, la romancière polonaise Tecia Werbowski (qui, on l’apprend en quatrième de couverture, vit alternativement à Montréal et à Prague) nous raconte l’histoire de Lena Lewicki, aujourd’hui une femme d’âge mûr, qui, comme chaque année, quitte Montréal pour aller passer quelque temps dans la ville qui l’a vue grandir, Prague (aucun rapport avec sa vie, indique la romancière dans une note liminaire. Bon, d’accord…). C’est l’occasion pour Lena de se laisser envahir par le souvenir de sa mère, Zina, médecin d’origine russe, de son père, Stanislaw, diplomate polonais, et de Victor, le meilleur ami de la famille: ces trois-là formant un trio cimenté par autre chose que l’amitié. Quoi? On ne l’apprend que peu à peu. Il y a bien ce baiser qu’ont échangé Victor et Zina, surpris par Lena, qui était alors une petite fille. Mais ce n’est pas tout. Sous ce furtif emportement des sens, ce sont des morceaux de l’histoire de la Pologne qui se révéleront graduellement. Des moments mettant en scène la guerre, les espoirs, et plus sûrement encore les trahisons, et qui donneront aux protagonistes une épaisseur qu’on ne soupçonnait pas. Dommage que tant de richesse dans les personnages baigne dans une narration sans entrain, ponctuée de phrases à la construction souvent navrante d’ordinaire et de questionnements qu’il est plus volontiers d’usage de partager avec un thérapeute ("Pourquoi faisait-elle, elle, une enfant, un effort particulier pour plaire à tout le monde, pour prouver à chacun qu’il était un être à part, pour leur prouver qu’elle les aimait tous également, à leur juste valeur, généreusement?", etc.).

Tecia Werbowski signe ici un quatrième roman à être traduit de l’anglais au français. Elle est également l’auteure de deux recueils de nouvelles. Et coauteure d’un essai sur la vie des juifs en Pologne au temps de la Seconde Guerre. Elle a certainement trouvé avec le nouvel éditeur de romans courts, Les Allusifs, une place de choix pour le genre concis qui est le sien. Son roman précédent, Hôtel Polski (Leméac/Actes Sud, 1999), mettait en scène une Canadienne d’origine polonaise, dans une histoire ficelée en moins de 100 pages, qui frayait là encore avec la trahison. Et qui avait aussi de ce parfum d’inceste qui enveloppe Prague, hier et toujours. Trahison sur trahison.

Éd. Les Allusifs, 2001, 95 p. Traduit de l’anglais par Elisabeth Van Wilder.

Prague, hier et toujours
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Tecia Werbowski