Lester Young : Alain Gerber
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Lester Young : Alain Gerber

Peu de gens savent parler du jazz; Alain Gerber est un des rares qui le font bien. Lester Young tient par moments de la biographie. Gerber y raconte la vie, les boires et déboires de ce saxophoniste tout de nuances et de discrétion qui, sur le plan jazzistique, peut être présenté comme le trait d’union entre l’univers des big bands swing des années 30 et celui du be-bop des années 50.

Peu de gens savent parler du jazz; Alain Gerber est un des rares qui le font bien.

Lester Young tient par moments de la biographie. Gerber y raconte la vie, les boires et déboires de ce saxophoniste tout de nuances et de discrétion qui, sur le plan jazzistique, peut être présenté comme le trait d’union entre l’univers des big bands swing des années 30 et celui du be-bop des années 50.

Cependant, le livre raconte moins la vie que la musique de Lester Young: les spectacles, les jam-sessions, les tournées, les enregistrements de celui qui, à côté des Count et des Duke ("Comte" Basie, "Duc" Ellington), était plus démocratiquement surnommé Pres, pour Président, c’est-à-dire "la plus haute autorité des États-Unis en matière de saxophone ténor". On y parle, bien sûr, des chansons où Lester Young accompagne Billie Holiday. Des pièces où ses solos de saxo parlent le langage même de la beauté. Gerber écrit ceci à propos de celui qu’on entend sur la version de Fine and Mellow que le tandem Pres-Lady Day a enregistrée en 1957: "Chacun devine d’emblée qu’il est, par-delà le bien et le mal, l’un de ses plus beaux. Beau d’une beauté divine quand Dieu s’est absenté pour acheter des cigarettes au coin de la rue et tarde à revenir. […] Un solo beau comme un coeur au bord des lèvres. Comme un coeur loin des yeux, un bon coeur de mauvaise fortune."

Et c’est là le grand intérêt de ce Lester Young: la touche d’Alain Gerber, sa manière de mettre en mots cette émotion faite musique. Un ton tout de tendresse qu’on retrouve aussi dans ses romans, comme dans On dirait qu’on serait…, une fiction qui vient de paraître en même temps que son essai sur Young.

Alain Gerber publie beaucoup: 40 titres en 30 ans! Ce Français est par ailleurs l’auteur d’un des plus jolis livres jamais écrits à propos de notre ville-île: Montréal Blues, paru aux Éditions Lacombe/Table Rase en 1992. Gerber écrit souvent sur le jazz; il se fait toujours l’écho des petits et grands plaisirs de l’existence. Certains chantent la joie de vivre: tous les livres d’Alain Gerber résonnent quant à eux d’un même… jazz de vivre!

Éd. Fayard, 2000, 297 p. / Éd. Fayard, 2000, 172 p.

Lester Young
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